Les résidants de la banlieue de Montréal ont maintenant accès à un deuxième indicatif régional. L'arrivée prochaine du 579 aura-t-elle un impact sur l'identité des 450, qui font souvent l'objet du snobisme des Montréalais?

Sur cette question sérieuse, les avis des spécialistes divergent.

«Puisqu'il faut se comparer pour améliorer son image, le 579 pourrait bien devenir le 450 des 450», lance le consultant en marketing Antoine Clément.

«Ce genre de changement crée des sous-groupes, croit pour sa part Benoît Cordelier, professeur à la Chaire de relations publiques et communication marketing de l'UQAM. Les anciens du 450 pourraient affirmer leur identité par rapport aux 579, considérés comme nouveaux sur le territoire.»

Il faudra attendre un peu avant de constater les premiers effets de la mise en place du 579. Les firmes de télécommunications ont accès au nouveau code régional depuis samedi, mais il leur reste encore quelques numéros 450 en réserve.

Le 579, qui ne sera attribué qu'aux nouveaux numéros, devrait faire son apparition dans le paysage québécois d'ici à quelques mois, selon Lucie Papineau Pugliese, porte-parole de l'Alliance des télécommunicateurs.

Les deux indicatifs régionaux cohabiteront dans les secteurs Laval, Rive-Nord, Rive-Sud, Lanaudière, Montérégie, Estrie, Laurentides et région du Richelieu. Environ 6 millions de nouveaux numéros seront disponibles.

Le symbole du 450

Depuis son entrée en vigueur en juin 1998, le code régional 450 est devenu un véritable symbole. Dès l'automne 1998, les médias ont commencé à parler de «la zone 450» pour désigner les banlieues avant les élections provinciales de novembre 1998.

«Aujourd'hui, le 450 est une forme d'identité, au même titre que la voiture que l'on conduit ou les vêtements que l'on porte», estime Antoine Clément. «Pour certains Montréalais, le 450 est une façon de stigmatiser ceux qui habitent en banlieue», poursuit Benoît Cordelier.

Par opposition aux banlieusards, des résidants de l'île ont conçu un certain sentiment d'appartenance au 514, selon M. Cordelier.

Le cas du Montréalais Jacques Ouellette en témoigne. Lorsqu'il s'est procuré un téléphone cellulaire, l'an dernier, il a hérité d'un numéro avec le code régional 438, introduit en novembre 2006 dans l'île.

«J'habite en plein coeur de Montréal, mais je me sens dans un nouveau groupe, dit-il. Encore aujourd'hui, on me demande où j'habite.» Des gens croient qu'il est originaire de la région et qu'il vient tout juste de s'installer en ville.

Qui sait, l'introduction du 579 provoquera peut-être le même sentiment de fierté chez les 450...