La Ville de Montréal et la Société du Havre de Montréal (SHM) ont présenté jeudi une nouvelle version du projet de revitalisation «Quartier Bonaventure». Cette nouvelle mouture suscite toutefois de sérieux questionnements concernant la sécurité routière.

Le nouveau projet prévoit la transformation d'une partie de l'autoroute Bonaventure (autoroute 10) en boulevard, sur une longueur d'environ 1 km, entre le canal de Lachine et la rue Saint-Jacques, afin de créer une nouvelle entrée de prestige pour la métropole.

La démolition de cette portion surélevée permettra de recréer une trame urbaine entre le quartier Griffintown et le faubourg des Récollets, situés de part et d'autre d'une grande infrastructure de béton qui les sépare depuis plus de 40 ans.

>>> Consultez le plan d'aménagement du Quartier Bonaventure.

Le projet révisé prévoit distribuer sur plusieurs rues le passage d'environ 1900 autobus desservant la Rive-Sud et l'ouest de l'île de Montréal, qui empruntent l'autoroute Bonaventure en direction ou en provenance du centre-ville.

Sécurité routière

Par contre, le projet présenté jeudi par le maire de Montréal, Gérald Tremblay, et par la présidente de la SHM, Isabelle Hudon, ne permet pas encore de juger comment les promoteurs vont s'y prendre pour régler les sérieuses préoccupations de sécurité routière soulevées par le rabaissement au sol d'une partie de l'autoroute 10.

Ces inquiétudes sont alimentées par un «audit de sécurité routière» qui soulève plusieurs questions sur la faisabilité de ce volet du Quartier Bonaventure.

Selon ce rapport de la firme de génie CIMA", la zone de transition entre la portion de l'autoroute Bonaventure qui ne sera pas transformée et sa portion boulevard est si courte qu'elle «augmente significativement les risques de perte de contrôle et les collisions arrière» en raison d'une pente abrupte, au bas de laquelle les automobilistes devront s'immobiliser, pour respecter des feux de circulation, à l'entrée du centre-ville.

«Avec la présence des véhicules lourds et d'une importante flotte d'autobus, qui empruntent cet axe, il est de notre avis que ces derniers auront de la difficulté à s'immobiliser à temps lorsque les conditions routières seront défavorables», souligne cet audit de sécurité routière, rendu public l'hiver dernier dans le cadre des audiences tenues par l'Office de consultation publique de Montréal (OCPM).

1900 autobus par jour

Cet aspect particulier du projet a été presque passé sous silence lors des audiences publiques, qui ont attiré jusqu'à 700 personnes au beau milieu du mois de janvier. La grande majorité des critiques concernaient la création d'un couloir de transports en commun prévoyant le passage d'environ 1900 autobus par jour dans la rue Dalhousie, une rue parallèle à l'autoroute, qui traverse le secteur Griffintown, à l'ouest de l'autoroute 10.

Selon des résidants de ce secteur et l'organisme Héritage Montréal, entre bien d'autres, le «couloir Dalhousie» aurait eu des impacts désastreux sur la qualité de vie du quartier, en plus de mettre en péril des bâtiments patrimoniaux, l'édifice Rodier et l'immeuble de l'ancienne New City Gas.

L'édifice Rodier, actuellement occupé par le magasin Baron Sports, a une architecture très atypique, par sa forme triangulaire. Pour sa part, l'usine New City Gas a été la première entreprise à éclairer les rues de Montréal au gaz, dès le XIXe siècle.

Le projet révisé prévoit redistribuer une partie des 1900 autobus dans les rues Peel et Nazareth, ce qui réduira à 835 le nombre quotidien des passages dans la rue Dalhousie. C'est une baisse de 57% par rapport à la version initiale du projet.

De plus, le nouveau tracé du couloir d'autobus permettra d'éloigner les véhicules lourds d'environ 50 m de l'immeuble New City Gas, ce qui réduira les vibrations du sol qui pourraient fragiliser les vieilles structures de l'édifice. La Ville de Montréal songe à acquérir l'immeuble Rodier et à le rénover pour réduire l'impact du réaménagement de la rue Dalhousie, tout en conservant son caractère particulier.

La révision du projet initial permettra enfin d'en réduire les coûts, qui passeraient ainsi de 260 millions, pour le projet initial, à 202 millions.

La Ville souhaite lancer dès l'automne les premiers appels d'offres publics pour la réalisation du Quartier Bonaventure. La construction du nouveau boulevard urbain et la démolition partielle de l'autoroute, entre le canal de Lachine et la rue Saint-Jacques, pourraient débuter dès le printemps 2011, pour se terminer en 2014.

La Ville de Montréal a par ailleurs annoncé jeudi que des pages seront prochainement créées sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook, pour inciter les citoyens à s'informer et à commenter le projet révisé du Quartier Bonaventure.