Il est tombé 53 mm d'eau en quelques heures à Montréal, hier après-midi. L'inondation de viaducs, la fermeture de plusieurs rues et les feux de circulation défectueux ont entraîné des bouchons monstres, notamment autour de l'échangeur l'Acadie, qui a été mis K.-O. encore une fois.

Le refoulement des égouts a entraîné des inondations dans plusieurs sous-sols, particulièrement dans Ahuntsic-Cartierville et Saint-Laurent, les arrondissements les plus touchés, selon les pompiers de Montréal.

C'est la septième fois en six ans que les éléments obligent la fermeture au moins partielle de l'échangeur l'Acadie, pourtant complètement refait dans les années 2000 à un coût deux fois plus élevé que ce qui avait été initialement prévu.

Après avoir déclaré que Montréal avait «des infrastructures à la fine pointe de la technologie», le maire Gérald Tremblay a reconnu, lors d'un point de presse en toute fin de journée, que Montréal et le ministère des Transports cherchent toujours la solution au problème de l'échangeur l'Acadie. On continue de faire des études hydrauliques pour voir ce qui cloche vraiment.

En attendant de le savoir, Montréal compte beaucoup sur la construction dans le secteur de deux bassins de rétention d'eau, qui s'ajouteront à deux autres, à Lachine et dans le Sud-Ouest, pour une facture totale de 150 millions.

Mais le maire Tremblay a fait observer qu'il ne faut pas se faire d'illusion: même une fois qu'on aura trouvé la solution aux problèmes récurrents de l'échangeur l'Acadie, même quand les bassins souterrains de rétention auront été creusés, «malgré tous les investissements qui sont faits, a-t-il dit, il y aura toujours pépin lors de conditions météo exceptionnelles».  

Saint-Laurent embouteillé

La fermeture partielle de l'échangeur l'Acadie s'est ajoutée à la fermeture complète de viaducs comme ceux de la rue Salaberry, près de l'autoroute 15, et de la gare Bois-Franc, ce qui a contribué à paralyser la circulation dans l'arrondissement de Saint-Laurent.

Claude Lauzon, qui travaille dans l'Ouest-de-l'Île, essayait de jouer d'astuce pour rentrer chez elle, à Laval. En vain. «Ça fait deux chemins différents que je tente d'emprunter et je vois bien que je ne m'en tirerai pas! Ça m'aurait pris moins de temps à vélo!»

Avec deux enfants dans la voiture - et un troisième en gestation! - Marie-Josephe Champagne constatait que rien ne bougerait, peu importe la direction qu'elle prendrait. «C'est sûr que c'est un peu plus infernal que d'habitude, mais à Saint-Laurent il faut pas mal tout le temps composer avec les bouchons. Il y a plein de travaux, il y a des immeubles qui se construisent boulevard Henri-Bourassa, et quantité de voies sont fermées. Le trafic est vraiment très lourd dans le secteur.»

Si les fortes pluies d'hier n'ont pas causé de décès directs, dégâts matériels il y a eu, notamment rue Laurier, où l'on tenait pour la première fois une braderie.

À l'ouest de l'avenue du Parc, un morceau de béton s'est détaché du mur d'une boutique avant de tomber sur un stand installé sur le trottoir. «J'ai vu le stand s'écrouler, dit Martin Langlois, employé de la SAQ. Quinze minutes plus tard, une civière est arrivée.» La personne qui se trouvait sous le stand n'a subi que des blessures mineures au dos.

Au coin des rues Laurier et Saint-Urbain, des briques sont tombées en plein sur le banc d'un arrêt d'autobus. «Il y avait une personne assise sur le banc, mais elle a eu un bon pressentiment: elle s'est levée juste avant que les briques ne tombent», a dit Denis Deschamps, pompier et chef des opérations.

Les pompiers de Montréal ont répondu à une centaine d'appels, notamment pour pomper l'eau accumulée dans les rues, pour dégager des branches tombées sur des fils électriques ou pour des inondations dans des sous-sols. Les arrondissements d'Ahuntsic-Cartierville et de Saint-Laurent ont été les plus touchés, selon les pompiers.

Au plus fort des orages, en après-midi, jusqu'à 17 000 clients montréalais ont été privés d'électricité. Aux quatre coins du Québec, en fin de soirée, Hydro-Québec s'affairait à redonner le service à 15 000 de ses clients.

À l'aéroport Montréal-Trudeau, quelques vols ont été retardés en raison du risque de foudre.

- Avec Daphné Cameron