La canicule invite à l'intimité pour Jérôme Fournier, Marie-Nicole Racine et leurs deux filles de 2 et 3 ans. Cette semaine, la petite famille du quartier Hochelaga-Maisonneuve partage le même lit, histoire de profiter au mieux du seul ventilateur de l'appartement.

«Nous habitons au troisième étage d'un immeuble à l'angle du boulevard Pie-IX et de la rue Sainte-Catherine. La toiture chauffe, le soleil plombe à travers les fenêtres... c'est un vrai four», résume Jérôme Fournier.

 

M. Fournier l'admet sans honte: son budget est plutôt serré, ces temps-ci. Un climatiseur ferait grimper la facture d'Hydro-Québec, et il n'a pas de voiture pour aller se rafraîchir à la campagne.

Comme plusieurs Montréalais, les Fournier-Racine doivent traverser la canicule avec les moyens du bord. Et ce n'est pas toujours évident, particulièrement avec des enfants.

«Les filles pleurnichent parce qu'elles ont chaud, raconte Marie-Nicole Racine. Elles ne veulent rien avaler à part des popsicles. Elles ont faim, alors elles pleurnichent encore plus.»

Hier matin, la famille a donc filé vers l'une des deux piscines extérieures du quartier Hochelaga-Maisonneuve, dont l'accès est gratuit. Une demi-heure avant l'ouverture, plusieurs résidants en sueur attendaient impatiemment l'arrivée des surveillants.

«Le CPE Casse-Noisette, où mes filles sont inscrites, n'a pas l'air climatisé non plus. La piscine est donc la meilleure option pour nous», conclut Marie-Nicole Racine.

À quelques rues de là, au CPE Casse-Noisette, les bambins d'un an et demi jouaient dans une petite cour ombragée. Pour leur confort, les éducatrices ne leur avaient laissé que le vêtement minimum: une couche.

«C'est difficile pour les enfants, raconte l'éducatrice Sylvie Morse en leur jetant un regard compatissant. Ils ont beaucoup de difficulté à dormir parce qu'il fait environ 30° à l'intérieur.»

Quand les petits ont trop chaud, les éducatrices les baignent dans une petite bassine d'eau froide à l'intérieur. «Ça leur fait beaucoup de bien», résume Mme Morse.

Déménagement brutal

Pendant ce temps, dans l'arrondissement de Montréal-Nord, Daniel Wabanonick et Kelly Ann Dessureault étaient immobiles sur leur balcon, boulevard Maurice-Duplessis. Ils avaient ouvert toutes les fenêtres de leur logement dans l'espoir de générer un courant d'air, en vain.

Originaire de l'Abitibi, le jeune couple a emménagé à Montréal-Nord lundi. Le choc a été brutal. «En Abitibi, il fait 10° de moins! lance Daniel Wabanonick. Ici, les immeubles retiennent la chaleur et la dégagent la nuit. En plus, il n'y a pas de vent.» «On aurait dû déménager après la canicule», ajoute Kelly Ann Dessureault.

La canicule donne également du fil à retorde à Ghislaine Paquin, qui habite un appartement du quartier Ahuntsic. Souffrant d'arthrose, l'octogénaire n'a pas l'air climatisé puisque les écarts de température la font souffrir.

«J'ai eu tellement chaud la nuit dernière que je n'ai pas réussi à dormir», confie Mme Paquin, rencontrée hier après-midi à la Place Versailles, où elle était allée se rafraîchir un peu.

Son mari, Claude Régimbald, a lui aussi de la difficulté à fermer l'oeil quand il fait aussi chaud. Pour y arriver, il a trouvé une solution: transporter son matelas sur le balcon. «Heureusement, les canicules sont rares», conclut-il.