Qui, du vérificateur général ou de l'administration Tremblay, a alerté la police en premier dans le dossier TELUS? Le vérificateur précédent avait-il reçu la «documentation pertinente» ? Qui dit vrai, Jacques Bergeron ou Gérald Tremblay?

Dans un exercice que l'opposition a qualifié de «scénario de diversion» et de «triste cirque», le vérificateur général de Montréal, Jacques Bergeron, a subi hier pendant plus d'une heure les questions des élus. Un haut fonctionnaire, Pierre Reid, contrôleur général, a eu droit au même traitement au cours de cette assemblée extraordinaire. Les deux hommes se sont montrés convaincants, se sont parfois contredits, mais ont fini par s'entendre sur un point crucial: la Ville et le vérificateur général ont tous deux transmis une plainte concernant le contrat TELUS à la Sûreté du Québec, en août 2008 et en mai 2010 respectivement.

 

Corriger des «faussetés»

Pour Jacques Bergeron, l'assemblée extraordinaire d'hier était d'abord l'occasion de corriger des «faussetés» colportées, selon lui, par deux hauts fonctionnaires. Ceux-ci avaient assuré que son prédécesseur, Michel Doyon, avait reçu toute la documentation pertinente sur l'affaire TELUS et avait monté un dossier. M. Bergeron a répété plusieurs fois: «Après vérification avec M. Doyon, il n'y a pas de documentation pertinente et pas de dossier. J'ai ouvert le classeur, je n'ai rien trouvé.»

Il a cependant reconnu que Michel Doyon avait pu être mis au fait verbalement de ce dossier ou qu'un employé de son bureau avait pu recevoir des documents. Il n'a pas nié non plus que la plainte que la Ville a portée à la SQ dès juillet 2008 pouvait être substantiellement la même que celle qu'il a faite le mois dernier. «Le débat n'est pas de savoir qui est allé voir la police en premier. Je ne sais pas ce que le service du capital humain a transmis à la police.»

Rencontre avec le vérificateur

Le contrôleur général de la Ville, Pierre Reid, a quant à lui présenté une chronologie bien étayée des faits, à partir de mai 2008, alors que des informations faisaient état d'irrégularités aux services informatiques. En août suivant, la SQ a été saisie du dossier TELUS et a transmis une partie de l'enquête au Bureau de la concurrence.

M. Reid a révélé hier que cet organisme avait laissé tomber le dossier «la semaine dernière», n'ayant trouvé aucune preuve de collusion.

M. Reid affirme qu'il a rencontré Michel Doyon le 21 octobre 2008 dans ses bureaux et qu'il lui a exposé la situation. Le 19 mai 2009, un employé du service de M. Reid a remis à un employé du bureau du vérificateur des documents «extrêmement pertinents» sur l'affaire TELUS, ainsi qu'un disque dur amovible contenant tout le dossier transmis à la police.

Faux, a rétorqué Jacques Bergeron: le bureau du vérificateur n'a reçu que «quelques documents» sans importance le 19 mai. Le disque dur - il a plutôt parlé d'un cédérom - n'est arrivé que le 4 juin. Entre-temps, le 31 mai, Michel Doyon a quitté son poste et a été remplacé par M. Bergeron.

Quelque peu exaspérés par ces disputes sur des détails, les chefs des partis de l'opposition ont déploré la minceur du mandat de cette assemblée extraordinaire. «Cette convocation était inutile, on est dans un scénario de diversion, a déclaré Louise Harel, chef de Vision Montréal. Ce sont les résultats des enquêtes de la police qui nous donneront le fin mot de cette histoire.» Le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron, voit dans ce débat «une chicane de lettres dans les journaux». «On aurait pu s'épargner ce triste cirque», a-t-il laissé tomber.