«En 26 ans d'existence, c'est certainement le tour de l'île le plus pluvieux qu'on ait connu.»

La directrice générale de Vélo Québec Événements et voyages, Joëlle Sévigny, semblait quelque peu dépitée dimanche matin. Elle regardait la pluie tomber à la ligne de départ du Tour de l'île, avenue du Parc, en face du mont Royal.

Les organisateurs de l'événement croisaient les doigts pour que le système dépressionnaire attendu sur le sud du Québec change de trajectoire à la dernière minute. Malheureusement, leurs prières n'ont pas été exaucées.

La 26e édition du Tour de l'île de Montréal s'est déroulée sous une pluie constante et abondante, dimanche. Selon Environnement Canada, environ 12 mm de pluie sont tombés sur la métropole. Pour couronner le tout, le mercure n'a pas dépassé les 12 degrés, une température largement en-deçà de la normale saisonnière.

Ce temps maussade a eu un impact direct sur la participation. Alors que les organisateurs attendaient entre 30 000 et 35 000 personnes, seulement 20 000 cyclistes se sont présentés à la ligne de départ. «C'est le taux de présence le plus bas des dix dernières années», a constaté Joëlle Sévigny.

Le taux d'abandon a été plus élevé que les années antérieures, a-t-elle noté. Des autobus et des camions supplémentaires ont été dépêchés aux trois relais pour ramener les participants épuisés et frigorifiés au point de départ.

Marie-Claude Messier et sa fille Charlène, 8 ans, ont déclaré forfait au deuxième relais après avoir pédalé une trentaine de kilomètres. Elles avaient trop froid pour terminer les 20 derniers kilomètres.

«On était à la limite de l'hypothermie», a résumé Mme Messier, qui habite Saint-Lambert. «On a eu froid, mais c'était quand même cool», a renchéri Charlène, qui gardait malgré tout le sourire.

Julie-Ann Laplante et Keith Motton, qui en étaient à leur troisième participation au Tour, ont également abandonné à mi-chemin. «Habituellement, on le fait au complet, mais il faisait tellement froid qu'on ne sentait plus nos os», a dit Julie-Ann Laplante, qui habite à Châteauguay.

Bien que plusieurs participants aient eu froid, les secouristes bénévoles n'ont traité aucun cas d'hypothermie, a indiqué Joëlle Sévigny, de Vélo Québec, précisant qu'aucun transport en ambulance n'a été fait.

Certains cyclistes ont pédalé si rapidement qu'ils ont à peine été incommodés par le temps frais. C'est le cas de l'Américain Mike Karchner, qui a fait le tour en moins d'une heure et demie.

«J'ai une moyenne de 29,7 km/h», a-t-il précisé à la ligne d'arrivée, au parc Jeanne-Mance, en jetant un coup d'oeil à son odomètre.» M. Karchner et son père sont venus de Pennsylvanie uniquement pour participer à l'évènement.

Le Tour de l'île de Montréal attire d'ailleurs de plus en plus de cyclistes de l'extérieur du Québec, selon Joëlle Sévigny. «Cette année, il y a une hausse de 5% de cette clientèle», a-t-elle indiqué. L'an dernier, environ 15% des participants venaient de l'extérieur.

Lorsqu'ils ont appris que le Tour de l'île de Montréal avait lieu pendant leur voyage de 20 jours au Canada, Angel Hsieh et Chu-Hsia Jou, de Taïwan, ont décidé d'y participer. Angel Hsieh semblait regretter son choix à la ligne de départ. «Disons que ça va être... spécial», a-t-elle dit », étonnée qu'il fasse si froid à cette période de l'année.

Par ailleurs, le Tour de l'île a provoqué une congestion monstre au centre-ville de Montréal, dimanche après-midi. Plusieurs rues ont été fermées pour permettre la tenue de l'évènement.