Le directeur général de Montréal, Louis Roquet, n'aura pas à répondre aux questions des élus sur sa décision de fournir un rapport confidentiel à Telus, du moins pas dans une séance publique. Les partis d'opposition souhaitaient que le premier fonctionnaire de la Ville se présente à la commission des finances pour s'expliquer, mais l'administration Tremblay a refusé, mercredi.

La semaine dernière, au conseil municipal, le leader de l'administration Tremblay, Marvin Rotrand, a refusé d'organiser une plénière avec M. Roquet. Il a référé les demandes de l'opposition à la commission des finances.Mardi, Vision Montréal a donc demandé la suspension des travaux de cette commission, qui se réunit presque tous les jours pour dénouer l'impasse budgétaire de 400 millions dans les finances municipales. Le parti a demandé que le passage du vérificateur général Jacques Bergeron, prévu le 9 juin, soit devancé. Il souhaitait aussi que M. Bergeron soit accompagné du directeur général Louis Roquet.

Le président de la commission, Sammy Forcillo, a pris la demande en délibéré. Et mercredi, il a finalement refusé d'accéder à la demande de l'opposition officielle.

M. Forcillo souligne que la situation n'est pas assez urgente pour justifier qu'on devance le témoignage de M. Bergeron, d'autant plus qu'il doit comparaître la semaine prochaine. Et il doute que la présence de M. Roquet permette d'en apprendre davantage sur la controverse.

«Si l'on demande au directeur général de venir, est-ce qu'on va demander à l'ensemble de ceux qui sont soumis à des recommandations de venir nous présenter leurs commentaires?» a-t-il souligné.

Tant M. Forcillo que l'attaché de presse du maire, Darren Becker, ont fait valoir que tout élu peut écrire au directeur général pour lui demander des explications.

«Ils sont élus, ils ont le droit d'écrire une lettre en l'envoyer à M. Roquet pour qu'il réponde à toutes leurs questions», a affirmé M. Becker.

Mais la décision est loin de satisfaire l'opposition. Furieux, le conseiller Pierre Lampron, de Vision Montréal, a d'ailleurs menacé de quitter les travaux de la commission.

«On a participé très activement à cette commission des finances parce que, disait-on, c'était non partisan et dans la recherche du meilleur pour Montréal, a-t-il dénoncé. Ce genre de décision, qui est téléguidée par l'administration, nous fait nous demander si nous continuons à participer à cette commission où les dés sont pipés.»

«Ils s'arrangent seulement pour que la crise de confiance dure plus longtemps», a pour sa part affirmé le conseiller Alex Norris, de Projet Montréal.

Louis Roquet affirme qu'il a agi dans l'intérêt de la Ville en expédiant une copie confidentielle du rapport du vérificateur général à Telus. Il souhaitait obtenir des précisions sur certains aspects du document avant qu'il ne soit rendu public. Dans une communication expédiée aux employés municipaux, mardi, il a toutefois promis d'agir autrement la prochaine fois.

Le maire Gérald Tremblay s'est porté à la défense du premier fonctionnaire, la semaine dernière, mais les partis d'opposition demeurent insatisfaits de ses explications. Ils veulent aussi le questionner sur les emplois rémunérés qu'il occupe en dehors de ses fonctions à la Ville.