Le retour annoncé des chicanes (pôles de ralentissement) au circuit Gilles-Villeneuve frustre plusieurs cyclistes. «On est très déçus de l'annonce, et encore plus déçus de la façon dont l'annonce a été faite», se plaint Louis Barbeau, directeur général de la Fédération québécoise des sports cyclistes (FQSC). Il doit parler aujourd'hui à la Société du parc Jean-Drapeau. «On verra ensuite ce qu'on va faire», indique-t-il.

La semaine dernière, la Société du parc a annoncé de nouvelles mesures pour assurer la sécurité au circuit Gilles-Villeneuve. Parmi elles: le retour des chicanes pour les cyclistes et patineurs, et des dos d'âne pour les voitures. Six chicanes avaient été installées l'année dernière pour ralentir les cyclistes de performance. Après de vives protestations, la Ville les a finalement retirées. Elle revient maintenant à la charge. De nouvelles chicanes seront posées le 14 juin, lendemain du Grand Prix de Formule 1.

«Il y a quelques mois, on a demandé une rencontre (à la Société du parc) pour parler de nos recommandations. Tout ce qu'on a eu, c'est une convocation à la conférence. On nous a placés devant le fait accompli», déplore M. Barbeau.

Régler un problème

La Société du parc Jean-Drapeau indique qu'elle devait régler un problème. «L'année dernière, il y a eu 21 accidents sur la piste qui ont nécessité un transport en ambulance. C'est une hausse de 43% par rapport à 2008. Nous devons veiller à la sécurité des piétons, des touristes, des cyclistes et de tous les autres usagers de la piste. Nous sommes les seuls imputables de leur sécurité», indique sa porte-parole, Nathalie Lessard.

La Société limite à 30 km/h la vitesse des cyclistes, tout comme celle des automobilistes. Une exception: les matinées en semaine, de 5h à 7h, la piste est réservée aux cyclistes. Durant cette période, il n'y aura pas de chicanes ni de limite de vitesse. La FQSC juge cette proposition «déraisonnable». «En août, le soleil se lève à 6h. Cela laisse seulement une heure de lumière pour utiliser la piste. C'est trop restrictif.»

La Société du parc considère quant à elle qu'elle offre un aménagement important aux cyclistes. «Le circuit Gilles-Villeneuve n'est pas et n'a jamais été une piste d'entraînement, insiste M. Lessard. C'est une rue, et la seule rue qui permette de se rendre au bassin olympique ou à la plage. On propose une première en la réservant aux cyclistes le matin. Cela demande une logistique complexe, il faut retarder l'arrivée de camions de livraison et d'employés sur le terrain. Ce serait difficile de la fermer plus longtemps.»

En mode observation

Suzanne Lareau, présidente et directrice générale de Vélo Québec, a semblé surprise lorsque nous lui avons fait part des doléances de la FQSC. «La semaine dernière, tous les groupes cyclistes ont accepté les nouvelles mesures», se souvient-elle. Selon Mme Lareau, il existe bel et bien un problème de sécurité sur le circuit Gilles-Villeneuve. «Des cyclo-sportifs nous le disent eux-mêmes: il y en a qui roulent comme des fous, avoue-t-elle. Ça peut devenir dangereux pour les cyclistes touristes qui ne roulent pas à la même vitesse et pour les piétons.»

Vélo-Québec ne se dit pas opposé aux trois chicanes. «On est en mode observation, on verra le résultat quand elles seront installées en juin.» Mme Lareau souhaite toutefois que les chicanes forcent seulement les cyclistes à ralentir, et non à arrêter et poser le pied par terre.

Vélo-Québec et la FQSC demandent aussi de recevoir des détails sur les accidents survenus l'été dernier afin de vérifier si les blessés et les responsables étaient des cyclistes, des patineurs, des piétons ou des automobilistes.

Au terme de la rencontre, ils ont aussi proposé qu'un code de conduite soit rédigé pour les cyclistes. La Société du parc leur en a envoyé une ébauche. «Les principes sont trop généraux, indique Mme Lareau. On a envoyé des suggestions pour mieux préciser les normes de dépassement, par exemple. Le code serait affiché à l'entrée du circuit, on pourrait aussi en distribuer sur le terrain. Ce qu'il faut, c'est trouver un modus operandi pour les cyclistes, et que tout le monde le respecte ensuite.»