Deux arrondissements de Montréal ont accusé l'agence de sécurité BCIA de manquer à ses obligations, hier, et analysent leurs recours contre l'entreprise. Dans les deux cas, des employés de la firme ne se sont pas présentés au travail parce qu'ils n'avaient toujours pas été payés. Mais la firme, elle, assure que ses employés ont touché leur salaire.

Verdun a expédié une mise en demeure à l'entreprise de Luigi Coretti, la sommant d'honorer son contrat. Au lieu de patrouiller dans les rues de l'arrondissement, comme à leur habitude, des employés de la firme se sont plutôt présentés au bureau d'arrondissement pour aviser la direction qu'ils ne travailleraient pas.

 

En fin de matinée, la porte-parole de l'arrondissement, Francine Morin, avait pourtant affirmé à La Presse que les travailleurs s'étaient rendus au travail comme prévu. Quelques heures plus tard, en après-midi, elle a au contraire confirmé qu'ils avaient débrayé.

Selon elle, les employés ont promis qu'ils se présenteraient au travail selon leur horaire habituel ce matin.

Le directeur des relations professionnelles de la Ville de Montréal, Jean-Yves Hinse, affirme que les travailleurs voulaient faire pression sur la direction de Verdun pour qu'elle paie une dette envers BCIA. L'arrondissement retient en effet une somme de près de 100 000$ dans le cadre d'un contrat qui a pris fin en avril. L'entreprise ne lui a pas encore fourni la preuve qu'elle n'avait pas de dette envers la CSST.

Il y a 10 jours, Verdun avait envoyé une autre mise en demeure à BCIA pour la sommer de verser un «cautionnement d'exécution» de près de 270 000$ à une compagnie d'assurances. Cela permet à l'arrondissement de réclamer la somme s'il n'est pas satisfait des services de l'entreprise, indique Mme Morin.

La firme avait jusqu'à hier soir pour répondre aux exigences de Verdun, où elle fait de la surveillance depuis cinq ans. Le contrat de 4,5 millions, signé en 2005, a été prolongé à raison de 1,2 million par année il y a quelques jours à peine.

Problèmes à Saint-Léonard

Saint-Léonard a aussi éprouvé des difficultés avec BCIA au cours des derniers jours. La firme doit normalement surveiller des installations de l'arrondissement, mais, encore là, certains de ses employés ne se sont pas présentés samedi.

L'arrondissement tentera donc de récupérer un cautionnement d'exécution de 20 000$.

«Des démarches devraient être entreprises, nous avons l'intention de nous prévaloir de cette clause», a indiqué le porte-parole de l'arrondissement, Richard Caron.

BCIA, qui s'est placée sous la protection de la Loi sur la faillite le 23 avril, doit 21 millions à quelque 150 créanciers. La semaine dernière, l'entreprise a trouvé un financement temporaire de 800 000$ pour assurer sa survie. Le financement vient de Gestion Gamarco, propriété de l'homme d'affaires Gioacchino Arduini.

Chèques encaissés

Pendant ce temps, une bonne partie des employés de BCIA ont pu encaisser leur chèque hier, a affirmé le porte-parole de BCIA, Alexandre Dumas. Seuls 120 des 1003 employés n'ont pu toucher leur paie. Ils devraient toutefois obtenir leur dû dès ce matin, a-t-il indiqué.

Les chèques, émis tard vendredi, pouvaient être encaissés à partir de 10h30 hier matin au Mouvement Desjardins, dit M. Dumas. Ils comprennent les arriérés qui remontent au 10 avril.

Au syndicat des métallos, le représentant Dominic Lemieux affirmait toujours en fin de journée hier qu'un bon nombre de chèques n'avaient pas été honorés. «On nous dit d'attendre une journée de plus, mais on ne croit plus aux promesses», a-t-il dit.