Le vérificateur général de la Ville de Montréal, Jacques Bergeron, a écrit une lettre très critique au conseil municipal, hier, soulignant que l'administration du maire Gérald Tremblay lui demande des comptes avant de lui verser les sommes prévues pour implanter une ligne éthique, ce qui met en cause l'indépendance de sa fonction.

«Le 28 avril 2009, le conseil municipal a confié au vérificateur général le mandat d'implanter une ligne éthique pour recevoir, traiter et, le cas échéant enquêter sur des signalements pouvant dénoncer des actes répréhensibles ou des situations de gaspillage», rappelle M. Bergeron dans une lettre adressée au président du conseil municipal, Claude Dauphin.

 

La ligne éthique est entrée en vigueur à la fin de l'année dernière. Le vérificateur général a déjà reçu plusieurs signalements et commencé à faire enquête sur la plupart d'entre eux. Mais voilà, le comité exécutif - l'équivalent du conseil des ministres dans un gouvernement - exige qu'il lui rende des comptes pour lui allouer les crédits prévus.

«Le comité exécutif a approuvé le budget de 650 000$, en instaurant toutefois une procédure de reddition de compte qui est susceptible d'affecter les principes mis de l'avant par le conseil municipal en plus de compromettre l'autonomie et l'indépendance du vérificateur général», écrit M. Bergeron.

«Le comité exécutif a autorisé le versement de seulement 325 000$ en demandant de justifier l'utilisation de ce premier versement et une justification éventuelle pour le versement de la seconde tranche.»

M. Bergeron affirme que le comité exécutif ne respecte pas son mandat. «Nous croyons que le conseil municipal devrait intervenir et demander au comité exécutif de rescinder sa résolution pour autoriser le versement de la totalité des crédits alloués», conclut-il.

«Nous avons resserré nos procédures administratives à la suggestion du vérificateur général, a dit de son côté Bernard Larin, porte-parole du comité exécutif. C'est ce que nous faisons avec lui, et avec d'autres. Ce n'est pas une atteinte à son mandat. C'est plutôt une façon rigoureuse de gérer les fonds publics.»