La Ville de Montréal serre la vis aux propriétaires de taudis. Le responsable de l'habitation au comité exécutif, Michael Applebaum, a annoncé hier une série de mesures pour ramener à l'ordre ceux qui contreviennent aux règlements sur la salubrité des logements.

Le nombre d'inspecteurs responsables de faire appliquer les règles de salubrité passe de six à huit. Les amendes vont passer de 2000$ à 4000$ pour les particuliers et de 4000$ à 10 000$ pour les entreprises. Dans certains cas, elles pourront grimper jusqu'à 20 000$.Surtout, les inspecteurs auront le pouvoir de donner sur-le-champ des amendes aux propriétaires récidivistes. Jusqu'ici, ils ne pouvaient donner qu'un avis d'infraction lors de leurs visites.

Michael Applebaum souligne que la majorité des propriétaires épinglés par les inspecteurs municipaux effectuent les réparations qui s'imposent. Mais certains délinquants à répétition - il en dénombre une demi-douzaine - multiplient les recours devant les tribunaux pour éviter de rénover leurs propriétés.

«Si quelqu'un reçoit une amende de 10 000$ et qu'on retourne chaque semaine pour lui donner encore d'autres constats d'infraction, c'est certain qu'à un moment donné, la personne va se dire qu'elle est mieux de vendre la propriété ou de la rénover parce que la Ville de Montréal est trop stricte», a souligné M. Applebaum.

Dans certains cas, la Ville va carrément effectuer les travaux à la place du propriétaire, et s'assurer d'être remboursée au moment où le bâtiment sera vendu.

La Ville de Montréal dénombre environ 2000 propriétaires de logements qui contreviennent aux règlements sur la salubrité.

«Les mesures sont très bonnes, a convenu le conseiller Étienne Brunet, porte-parole de Vision Montréal en matière d'habitation. Mais ce ne sont que des détails techniques.»

Il souligne qu'un propriétaire qui accumule les amendes peut simplement vendre son immeuble à un proche pour que tous les constats d'infraction dressés contre lui tombent. Or, dit-il, seul le gouvernement du Québec a le pouvoir de modifier la loi pour mettre fin à ce stratagème.