La question quant à savoir si les manifestants ne devraient plus avoir le droit de porter un masque oppose les défenseurs des libertés civiles au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), et les policiers semblent perdre la bataille.

À peine un an après avoir jonglé avec l'idée d'une interdiction du masque, les autorités municipales s'en sont lavé les mains.

Aucune ville canadienne ne compte un règlement administratif interdisant le port du masque au cours de manifestations, et les organisations de défense des libertés publiques affirment qu'une telle interdiction constituerait une violation de la liberté d'expression.

Si la Ville de Montréal avait adopté un règlement en ce sens, elle aurait suivi les traces de certaines juridictions étrangères, incluant New York, où un règlement municipal interdisant le masque est en vigueur depuis 1845.

L'an dernier, la France a interdit aux manifestants de se dissimuler le visage derrière un masque, à la suite de heurts particulièrement violents entre des protestataires vêtus de noir et la police française, durant un sommet de l'OTAN. La nouvelle loi française prévoit des amendes de 1500 et 3000 euros, tout dépendant de la nature du délit.

Le SPVM affirme que ce sont les mêmes protestataires qui causent des problèmes lors de la manifestation contre la brutalité policière qui a lieu chaque année à Montréal. Ils sont vêtus de noir, masqués et souvent armés de cocktails Molotov et de briques, entre autres choses.

À la suite des affrontements qui ont éclaté lors de la manifestation de lundi dernier, l'inspecteur-chef Sylvain Lemay a indiqué que si les manifestants se cachent le visage, c'est probablement parce que leurs intentions ne sont pas pures. M. Lemay a tenu ces propos après l'arrestation d'une centaine de personnes lors de la manifestation annuelle, habituellement animée et légèrement violente.

La manifestation de cette année a été plus calme que d'habitude. Néanmoins, des bouteilles de bière et des pétards ont été lancés en direction des policiers lors de l'événement, dans l'Est de Montréal.

«Depuis 14 ans, nous les laissons manifester même s'ils n'obtiennent pas de permis de la ville ou de la police», a déclaré l'inspecteur-chef Lemay.

«Nous voulons être en mesure de nous assurer que la manifestation ait lieu de façon pacifique et qu'elle soit sûre pour tout le monde», a-t-il ajouté.

Bernard Larin, porte-parole de la Ville de Montréal, a toutefois indiqué que la question de l'adoption d'un règlement municipal avait été abordée lors d'une audience municipale, en janvier dernier, mais que la chose n'était pas allée plus loin que ça.