«Ce n'est pas mon fils, ça. Ce n'est pas mon fils.»

Dans l'embrasure de sa porte, à Saint-Henri, Julia (nom fictif) semblait dépassée par les événements.

La femme d'une quarantaine d'années est la mère de l'adolescent de 16 ans qui aurait poignardé à mort un homme de 24 ans le week-end dernier à la sortie d'un bar de Saint-Henri. Elle peine à comprendre ce qui aurait poussé son cadet à commettre un geste d'une telle violence.

«Je n'ai pas dormi depuis trois jours», a-t-elle dit, les traits tirés par la fatigue.

 

Lorsque La Presse l'a rencontrée, hier après-midi, elle revenait d'une rencontre avec l'avocat de son fils, Jean-Pierre Authier. Ce dernier devra défendre l'adolescent de l'accusation la plus grave du Code criminel.

Le jeune homme a été accusé lundi du meurtre prémédité de Dany Ouellette, qu'il aurait poignardé à une quarantaine de reprises dans la nuit de samedi à dimanche devant un bar de la rue Notre-Dame. Une dispute banale survenue un peu plus tôt à l'intérieur de l'établissement serait à l'origine du drame.

Après avoir été expulsé du bar, l'accusé serait allé chercher une demi-douzaine d'amis pour attendre la victime à la sortie. Dany Ouellette aurait été poignardé à mort par l'adolescent et frappé de coups de pied par les autres membres du groupe.

Hier, Julia ignorait les circonstances du drame. «Je ne sais rien, absolument rien, a-t-elle dit avant de mettre un terme à la conversation. «Je dois m'occuper de ma famille, je dois m'occuper de mon fils», a conclu la dame aux cheveux noirs et aux traits délicats.

L'arrestation de l'adolescent a provoqué une onde de choc dans la famille de l'accusé, a confié la tante de Julia, qui habite le logement adjacent. «Tout le monde pleure, a résumé la petite femme en refoulant un sanglot. C'est terrible, ce qui arrive, c'est terrible.»

Natif de Montréal, l'accusé habitait avec sa mère et son frère aîné. Il fréquentait l'école secondaire Saint-Henri et travaillait à temps partiel dans une entreprise d'entretien ménager, selon sa grand-tante.

«Personne ne comprend ce qui s'est passé, a dit cette dernière. C'est sûr qu'à 14, 15, 16 ans, ce sont des années difficiles. Depuis un moment, il fréquentait des amis plus vieux. Mais c'était quand même un garçon tranquille, qui aidait sa mère à cuisiner.»

Les parents de l'accusé sont séparés. Son père travaille dans la construction dans le nord du pays. Il n'est pas encore rentré à Montréal depuis le drame, selon la grand-tante.

L'adolescent sera de retour en Chambre de la jeunesse lundi. Au début de la semaine, la Couronne a indiqué qu'elle se réservait le droit de le traduire devant un tribunal pour adultes. Il risquerait alors l'emprisonnement à vie.

Rappelons que d'autres accusations pourraient être portées dans cette affaire, notamment contre un homme de 28 ans que les enquêteurs ont déjà interrogé.