Après avoir remis en question la légalité d'un bail entre Saint-Lambert et un club de golf privé, le ministère des Affaires municipales a lancé hier une nouvelle salve aux dirigeants de cette ville de la Rive-Sud. Le sous-ministre affirme que le maire, l'ex-maire et la directrice générale ont tort de clamer qu'ils ont été blanchis par l'enquête du gouvernement.

Le sous-ministre Marc Lacroix a expédié une lettre aux élus de Saint-Lambert, hier, dans laquelle il dénonce un communiqué diffusé par le maire Philippe Brunet vendredi dernier. Celui-ci «nous prête des propos qui doivent être corrigés», écrit-il dans le document que La Presse a obtenu.

 

Le communiqué affirmait que le Ministère n'avait trouvé «aucun élément lui permettant de conclure que les élus et les dirigeants de la Ville ont commis des gestes illégaux ou non conformes aux règles d'éthique» dans la négociation et la signature d'un bail emphytéotique avec le Country Club de Montréal (CCM).

Faux, rétorque M. Lacroix. Il souligne que c'est à la Ville de décider s'il y a eu conflit d'intérêts, et non au Ministère. Celui-ci a simplement vérifié si les dirigeants avaient enfreint la loi provinciale.

«Contrairement à ce que votre communiqué laisse entendre, le Ministère ne s'est pas penché sur la conformité des gestes aux règles d'éthique qui sont énoncées dans (le code d'éthique) de la Ville puisque l'application de celui-ci relève de la responsabilité du conseil municipal», a écrit le sous-ministre.

Dans un courriel envoyé en soirée à La Presse, le maire Brunet martèle que les élus ne se sont pas placés en situation de conflit d'intérêts. Et il accuse le sous-ministre de «s'immiscer dans un débat politique».

«En raison de son incapacité à se prononcer clairement et sans ambiguïté sur l'intégrité de personnes qui sont des élus, le sous-ministre ne fait qu'accentuer le préjudice sur la réputation de ces personnes, a-t-il dénoncé. Derrière les fonctions de maire, de conseiller municipal, de directrice générale, il y a des individus qui vivent au sein d'une communauté.»

La semaine dernière, le Ministère a fait savoir qu'il avait relevé «plusieurs irrégularités» dans le bail qui permet au CCM, un club privé et exclusif, de louer presque gratuitement un terrain public qui occupe 7% du territoire de la Ville.

L'ex-maire Sean Finn, qui dirigeait la Ville au moment de la signature du bail, et la directrice générale qui l'a négocié, Michèle V. Lortie, sont membres du club. L'actuel maire, M. Brunet, détient une quote-part mais il n'est plus membre en règle depuis plusieurs années.