Des moyens de pression exercés par les policiers pourraient expliquer en partie pourquoi les contraventions ont rapporté des millions de moins que prévu dans les coffres municipaux, l'an dernier. Deux officiers supérieurs du Service de police de la Ville de Montréal ont émis cette hypothèse, hier, tout en précisant que d'autres facteurs ont pu jouer.

Vendredi, le directeur des finances de la Ville, Robert Lamontagne, a indiqué à la commission chargée d'étudier le budget que les revenus des contraventions ont été de 47,5 millions de dollars inférieurs aux prévisions. Hier, le service des finances a précisé que cette donnée date du mois de juin et qu'aux dernières nouvelles, le manque à gagner s'élevait plutôt à 29 millions.

 

C'est donc dire que les contraventions et amendes distribuées dans l'île de Montréal ont permis à la Ville et à l'agglomération de récolter un peu moins de 150 millions en 2009, à peu près le même niveau qu'en 2008. On avait prévu des revenus de 188 millions.

De hauts dirigeants du SPVM, qui ont présenté leur budget annuel hier, indiquent que plusieurs facteurs peuvent expliquer le manque à gagner. Le chef de la direction de la stratégie, Jean-Guy Gagnon, souligne que si les contraventions rapportent moins que prévu, c'est en partie à cause des automobilistes eux-mêmes.

«Il y a un net changement dans le comportement des automobilistes montréalais, a-t-il affirmé. J'ai à passer régulièrement rue Notre-Dame. Il y a trois ou quatre ans, on voyait régulièrement des voitures qui filaient à 100 km/h. Plus maintenant.»

Mais il n'écarte pas la possibilité que des moyens de pression aient contribué à la situation.

«Les circonstances font que, pendant la période de négociations, il y a eu moins de billets émis lorsqu'on compare cette période à l'année précédente», a affirmé M. Gagnon.

«Ça n'a rien à voir avec le déploiement des contraventions électroniques, a renchéri sa collègue Diane Bourdeau, directrice adjointe et chef de la direction de l'administration. Il y a eu des moyens de pression en 2009.»

Les policiers du SPVM sont sans contrat de travail depuis plus de deux ans. En avril dernier, ils avaient accepté de suspendre leurs moyens de pression le temps de mener à terme les séances d'arbitrage.

La Fraternité des policiers et policières de Montréal n'a pas rappelé La Presse, hier.

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Claude Trudel, estime pour sa part que le service des finances a fait des prévisions trop optimistes.

«On se basait sur les données réelles de 2008 et sur la tendance au moment où on a fait le budget 2009, a-t-il indiqué. Le directeur des finances, M. Lamontagne, a dit que les prévisions étaient un peu optimistes et je suis d'accord avec lui.»

L'opposition, elle, affirme que la Ville manque de transparence, puisqu'elle ne l'a jamais avertie que les revenus provenant des contraventions étaient à ce point inférieurs aux prévisions.

«Ce qui nous préoccupe, c'est le fait que ça n'ait pas été clairement présenté dans les différents briefings qu'on a eus, a déploré le porte-parole de Vision Montréal en matière de sécurité publique, Réal Ménard. Personne n'était au courant de cette donnée budgétaire, de ce manque à gagner.»