Les hausses de taxes qui devraient marquer le budget de l'administration Tremblay, aujourd'hui, inquiètent autant l'opposition que les maires de banlieue.

Le budget que le maire Gérald Tremblay et son responsable des finances Alan DeSousa dévoileront aujourd'hui devrait comprendre une hausse de l'impôt foncier près du taux d'inflation. Mais à cette augmentation se grefferait celles des taxes sur l'eau, sur la voirie, et l'introduction d'une taxe d'affaires. Résultat: la facture d'impôt foncier des contribuables devrait grimper en moyenne de 6%.

 

Une telle hausse aura un impact «énorme» sur la Ville, selon la chef de l'opposition, Louise Harel. La leader de Vision Montréal craint qu'une telle mesure pénalise les entrepreneurs, qui doivent déjà composer avec la lente reprise économique.

Elle souligne que l'Association des sociétés de développement commercial de Montréal, un regroupement de 14 000 commerçants, a prévenu qu'une hausse abrupte de l'impôt foncier pourrait mener à des pertes d'emplois.

Mme Harel s'étonne que l'administration Tremblay ait préparé les contribuables à une hausse de taxes. Car le dernier rapport sur la situation financière de la Ville, publié avant les élections en septembre, montrait que Montréal pourrait surmonter l'impact budgétaire de la récession.

«On se dit que, finalement, c'est à partir de ce contexte où tout va bien que le budget va être déposé demain, a-t-elle affirmé. On verra ce qui en est, mais on ne pourrait pas comprendre que, moins de six mois après cette publication, on vienne nous dire que rien ne va plus.»

Son conseiller dans Rosemont-La Petite-Patrie, Pierre Lampron, estime que les familles subiront les contrecoups d'une éventuelle augmentation du fardeau fiscal.

«Il y aura un effet qui vient contrer tous les effets économiques des mesures de stimulation qui existent», a-t-il dit.

Le parti est favorable à l'instauration de péages aux entrées de la métropole. Et il ne s'opposera pas à une augmentation modérée de l'impôt foncier, même s'il a fait campagne sur la promesse de décréter un gel en 2010.

Mme Harel a fait «amende honorable» à cet égard, hier, selon ses termes. Elle se dit maintenant favorable à une hausse du compte de taxes, à condition que celle-ci soit calquée sur l'inflation. Elle calcule que ce taux a été de 0,6% en 2009.

Les maires de banlieue inquiets

Le budget sème aussi l'inquiétude dans les villes défusionnées de Montréal. Leurs maires craignent que la facture que la Ville de Montréal leur enverra pour des services d'agglomération n'explose de 13% en moyenne. Ce scénario, affirme le maire de Westmount, Peter Trent, pourrait forcer plusieurs banlieues à hausser l'impôt foncier à leur tour.

«La plus grande partie, sinon toute cette augmentation va aller sur la tête des contribuables», a-t-il déploré.

Selon lui, l'augmentation «effrénée» des dépenses d'agglomération, notamment les services de police et les pompiers, est responsable de la situation.