Projet Montréal a présenté hier trois demandes en vue du budget que l'administration Tremblay produira en janvier. Ces conditions essentielles pour que le parti appuie le budget totalisent environ 20 millions de dollars. Un exercice particulier pour le chef Richard Bergeron... lui-même membre du conseil exécutif de la Ville.

Projet Montréal souhaite d'abord que le parti du maire Gérald Tremblay renonce à l'idée de sabrer les programmes triennaux d'investissements (PTI) des arrondissements. Ces coupes, qui pourraient s'élever à 40 millions de dollars, toucheraient notamment des projets locaux et l'entretien des petites rues, soutient Richard Bergeron.Le chef du parti a enchaîné en louant les efforts du maire Tremblay pour assainir le processus d'attribution des contrats à Montréal. «On comprend qu'une pause dans les investissements est nécessaire, le temps de revoir le processus, et pour calmer le jeu, a affirmé M. Bergeron. Mais c'est profondément inéquitable que de réduire le budget des PTI des arrondissements. Les contrats des arrondissements sont beaucoup plus petits que les contrats de la ville centre. Ça ne peut pas être là qu'il y a un problème.»

Le second parti de l'opposition a demandé aussi que la Ville ajuste les dotations des arrondissements en fonction de ses revenus. Le parti du maire Tremblay a annoncé au cours de la récente campagne qu'il comptait ajuster l'impôt foncier en tenant compte de l'inflation. La hausse des revenus de la Ville devrait entraîner automatiquement une augmentation des dotations aux arrondissements, croit Projet Montréal.

Enfin, le parti de Richard Bergeron dénonce les hausses de tarifs prévues par la Société de transport de Montréal. La STM a annoncé qu'à compter du 1er janvier, le titre mensuel coûtera 70$, une augmentation de 2,2% par rapport au prix actuel. Les titres de transport à tarif réduit augmenteront aussi.

Même si la hausse sera effective dans neuf jours, Projet Montréal demande un gel des tarifs pour 2010. «La Ville devrait réviser sa position», croit Josée Duplessis, leader du parti et conseillère du district De Lorimier.

Un dissident au conseil?

D'emblée, Richard Bergeron a concédé que les demandes de son parti ne vont pas dans le même sens que les orientations du maire Tremblay. M. Bergeron a toutefois précisé que les points qu'il amène coûteraient environ 20 millions à la Ville, sur un budget total de plus de 4 milliards pour 2010.

«C'est un effort tout à fait raisonnable que nous demandons au maire Tremblay», a-t-il ajouté.

Et que fera M. Bergeron si ses «conditions essentielles» ne recevaient pas d'écho favorable? Membre du conseil exécutif de la Ville, il doit se montrer solidaire de ses collègues, à majorité issus du parti au pouvoir, Union Montréal.

«On peut imaginer que Projet Montréal votera contre le budget... et que je ne sois pas là. Parce que je serai malade, ou quelque chose comme ça!»

Il se montre cependant prudent: «On ne va quand même pas déchirer notre chemise, dit-il. Ce n'est pas le test du siècle.»

Pour sa part, le porte-parole du comité exécutif, Darren Becker, a rappelé que plusieurs scénarios sont encore à l'étude au sujet du budget 2010. «On prend en note les demandes de M. Bergeron, mais on vit dans une situation économique difficile», a-t-il précisé.

Par la voix de son attachée de presse, Marie-Hélène d'Entremont, la chef du premier parti de l'opposition, Louise Harel, a fait savoir que ces demandes n'étaient «pas nouvelles» et qu'elles allaient de soi.