Des maires de villes défusionnées de l'île de Montréal grognent contre la facture que vient de leur envoyer l'administration Tremblay pour les services d'agglomération. Ils craignent de devoir hausser l'impôt foncier pour faire face à cette augmentation, qui varie de 10% à 12%.

Vendredi dernier, Montréal a fait parvenir une évaluation de la quote-part que chaque ville reconstituée devra verser à l'agglomération en 2010. La somme ne sera confirmée qu'à l'adoption du budget, en janvier, mais une hausse importante semble inévitable.

 

L'agglomération de Montréal fait face à un manque à gagner de 200 millions, selon une source bien informée. La ville centre se retrouvera avec le gros de la facture, mais les villes défusionnées devront tout de même allonger près de 40 millions afin de prévenir un déficit. Pour certaines villes, la note grimpera jusqu'à 8,5 millions.

«C'est un désastre», tranche le maire de Pointe-Claire, Bill McMurchie.

Sa municipalité a versé 48 millions à l'agglomération en 2009. Selon l'évaluation qui lui a été acheminée, la facture passerait à 54 millions en 2010. Afin de produire ces 6 millions supplémentaires, la Ville devrait augmenter son taux d'impôt foncier de 10% à 15%, estime M. McMurchie.

«Les contribuables ne prévoient pas ce genre d'augmentation, affirme-t-il. Et pour les élus, c'est un problème majeur.»

Les finances de l'agglomération ont été mises à mal par la récession et par la crise boursière. La caisse de retraite des employés municipaux a subi de lourdes pertes, obligeant Montréal et les villes liées à contribuer davantage. Le déficit de la Société de transport de Montréal, d'environ 40 millions, doit aussi être épongé.

Pour Westmount, la quote-part pourrait donc bondir d'environ 12%, indique le maire Peter Trent.

«Grosso modo, on peut parler d'augmentations qui sont cinq à six fois plus élevées que le taux d'inflation, déplore-t-il. C'est une augmentation de nature démesurée et nous sommes très surpris et très frustrés.»

M. Trent affirme que la ville centre n'a pas joué cartes sur table avec les villes reconstituées.

«On n'a pas eu la chance de s'asseoir avec Montréal pour savoir précisément d'où viennent ces augmentations», affirme-t-il.

Le porte-parole de l'administration Tremblay, Darren Becker, rétorque que les villes défusionnées ont été prévenues à maintes reprises des problèmes financiers de l'agglomération. En fait, dit-il, leurs représentants ont rencontré le service des finances à cinq reprises depuis le mois de mars.

«Il y a deux mois, le service des finances a prévenu ces maires qu'ils feront face à une augmentation des coûts, un peu comme en 2009, dit-il. C'est donc surprenant qu'ils soient surpris aujourd'hui.»

La responsable des finances de Côte-Saint-Luc, Dida Berku, affirme que les villes reconstituées ont beau avoir été prévenues des hausses de tarifs, elles n'ont jamais eu leur mot à dire dans la préparation du budget d'agglomération.

«Ce n'était qu'une information, affirme-t-elle. Ce n'était pas une question de construire un budget ensemble ou d'être consultés de quelque manière que ce soit.»