La nouvelle mairesse de Longueuil, Caroline St-Hilaire, a promis de rétablir l'harmonie sur la Rive-Sud. Mais comment y parvenir lorsque ses prédécesseurs dirigent son conseil municipal? Le premier test aura lieu cet après-midi, au moment de la réunion du conseil d'agglomération de Longueuil.

Depuis les défusions, l'agglomération de Longueuil nage dans la discorde. Les élus de Brossard, de Saint-Hubert et de Saint-Bruno ont boycotté les réunions mensuelles pendant près de trois ans, dénonçant l'explosion de ses dépenses, l'augmentation des impôts et le «despotisme» de la ville centre.

 

Le 1er novembre, Caroline St-Hilaire a mis fin au règne de 27 ans du Parti municipal de Longueuil (PML). Les électeurs de Brossard, de Saint-Lambert et de Boucherville ont aussi choisi de nouveaux maires. Seul le maire de Saint-Bruno a été réélu.

La nouvelle mairesse veut renouer avec les villes reconstituées, un projet bien accueilli jusqu'ici. À preuve, tous les maires de l'agglomération prendront part à la séance de cet après-midi, y compris ceux qui avaient claqué la porte sous l'administration Gladu.

«On voit plus d'ouverture, moins de volonté de monopoliser tous les postes-clés de façon à étouffer les quatre villes, indique le maire de Saint-Lambert, Philippe Brunet. On voit une possibilité de dialogue.»

Il reste que les doléances des villes reconstituées sont nombreuses. Elles représentent 40% de la population, et absorbent plus de la moitié des dépenses d'agglomération.

Par exemple, la facture payée par Saint-Lambert pour les services de police et de pompiers a doublé en huit ans, même si le nombre de patrouilleurs est resté à peu près le même. Saint-Bruno, qui compte 6% de la population de l'agglomération, doit contribuer l'équivalent de 9% de son budget. Et Boucherville craint qu'une hausse des dépenses collectives ne nuise à ses propres finances.

«Si les finances deviennent hors de contrôle dans l'agglomération de Longueuil, nous, on en subit les conséquences», résume le maire de Boucherville, Jean Martel.

Pour gagner l'adhésion de ses partenaires, la mairesse entend rompre avec la tradition instituée par ses prédécesseurs, qui ne nommaient que des élus de Longueuil au comité exécutif du conseil d'agglomération.

Blocage?

Mais voilà, Mme St-Hilaire n'a pas carte blanche.

«À partir du moment où votre conseil municipal vous dit d'aller voter d'une telle façon, vous votez selon ces orientations», résume le maire suppléant de Saint-Bruno, Denis Arpin.

Or, c'est le parti de l'opposition, le PML, qui détient la majorité au conseil municipal de Longueuil. Et pas plus tard que mardi, ses élus ont charcuté une motion visant à nommer 13 représentants à la Conférence régionale des élus. La mairesse proposait de nommer huit conseillers du PML et cinq de son parti, Action Longueuil. L'opposition a plutôt imposé 13 élus du PML.

Les maires des villes liées suivent de près le bras de fer qui se dessine au conseil de Longueuil. Car si la principale ville de la Rive-Sud est paralysée, l'agglomération risque de l'être aussi.

Interrogé pour savoir s'il craignait un blocage, le maire de Brossard, Paul Leduc, a répondu: «J'espère que non. C'est une situation que je suis de très près. J'espère qu'on va pouvoir travailler ensemble pour faire avancer nos projets sur la Rive-Sud.»

Caroline St-Hilaire, elle, promet de rétablir les ponts avec les villes reconstituées, avec ou sans l'appui de l'opposition.

«Si le PML décide d'aller contre les consensus régionaux, dit-elle, ils en paieront le prix politique à un moment donné.»