Un memo très clair a été acheminé aux dirigeants de la Ville de Montréal mercredi : rien ne sert d'espérer des faveurs de la part du gouvernement fédéral pendant qu'ils tenteront d'éliminer les odeurs de corruption qui se sont présumément infiltrées dans les murs de l'Hôtel de Ville.

Le gouvernement fédéral a accordé un délai de deux ans aux villes pour dépenser l'argent du plan de relance destiné à des projets d'infrastructures, et il n'a pas l'intention de faire exception pour Montréal.

Les autorités de la métropole cherchent à mettre de l'ordre à l'Hôtel de Ville après les allégations de collusion dans l'octroi de contrats dans le secteur de la construction, et qui ont monopolisé les manchettes pendant la récente campagne électorale.

Montréal pourrait ainsi être désavantagée vis-à-vis des autres villes canadiennes. Pendant que Montréal s'emploie à rendre le processus plus transparent, plusieurs grandes municipalités signeront des contrats pour la construction de nouvelles routes, d'égouts et de centres communautaires.

Mais Ottawa demeure inflexible.

«Les règles sont les les règles, et elles ne changeront pour personne», a rappelé Chris Day, porte-parole du ministre des Transports, John Baird.

«Les municipalités ont toujours été pleinement conscientes de la date butoir de mars 2011. Elles ont soumissionné pour des projets qui pourraient respecter ce délai et ont signé des attestations à cet effet», a ajouté M. Day.

Selon lui, le délai est strict et a été établi dans le but de relancer l'activité économique et créer des emplois lorsque ceux-ci sont le plus nécessaires, c'est-à-dire lors de la récession.

Montréal affirme de son côté qu'il est trop tôt pour dire quel sera l'impact du scandale sur les transferts fédéraux.

«Nous sommes évidemment au courant qu'il y a des délais strictes rattachés aux programmes de relance fédéraux, a indiqué un de ses porte-parole, Darren Becker. Nous aurons probablement plus d'information aux cours des jours et des semaines à venir», a-t-il ajouté.

D'autres municipalités québécoises ont également réclamé une extension, expliquant que l'argent du plan de relance prenait du temps à être transféré et que les élections municipales avaient occasionné des délais.

Ottawa a reconnu le problème, mais là encore, il n'est pas question de faire d'entorses aux règles.

«Récemment, il y a eu des élections provinciales en Colombie-Britannique et en Nouvelle-Ecosse, et bien qu'il y ait eu des délais, nous continuons de respecter l'échéancier établi avec ces provinces et les municipalités afin d'approuver des projets pouvant respecter le cadre de travail», a ajouté M. Day.

Avant la période réservée aux campagnes électorales municipales, a noté M. Day, Ottawa a annoncé plus de 400 projets d'infrastructures au Québec, évalués à plus de 540 millions. De plus, il a indiqué que d'autres projets devraient être annoncés.

«Nous continuons de travailler le plus rapidement possible pour faire avancer les projets et créer des emplois, a dit M. Day. En fait, nous devrions faire des annonces sous peu.»

On ignore cependant si Montréal sera tenue à l'écart en raison de la suspension de ses contrats de construction.