Un curriculum vitae enjolivé, une croix gammée sur un sarrau, une grossièreté commise devant des ados... Les petits et grands secrets ont vraiment la fâcheuse habitude de toujours remonter à la surface.

Les dernières élections fédérales ont été particulièrement fertiles en la matière.

En 2008, le néo-démocrate Julian West a dû se retirer de la course après qu'eut été révélé cet épisode où il s'était baigné nu avec des mineurs.

 

Le Parti conservateur a lui aussi perdu une candidate, Rosamond Luke, quand son casier judiciaire a été mis au jour. En 2006, elle avait été condamnée à 18 mois de probation pour avoir proféré des menaces, puis à neuf mois additionnels pour ne pas avoir respecté les conditions de sa probation.

Le libéral Simon Bédard avait lui aussi dû se retirer de la course après qu'une de ses déclarations de 1990, du temps où il était animateur de radio, eut refait surface. Peu après la crise d'Oka, il avait lancé que les militaires auraient dû entrer de force à Kanesatake: «Tu rentres là avec l'armée pis tu nettoies tout ça. Cinquante morts, 100 morts, 125 morts, ça vient de s'éteindre.»

En France, on a toujours tôt fait de vérifier, dans le passé des figures publiques, s'il n'y aurait pas eu quelque collaboration avec les Allemands pendant la guerre. François Mitterrand lui-même a dû s'expliquer là-dessus.

Au Québec, la question du felquisme demeure toujours extrêmement délicate, comme en témoigne bien la controverse qu'a suscitée la lecture du manifeste du FLQ sur les plaines d'Abraham en fin de semaine dernière.

Les personnes clairement identifiées au mouvement, comme l'ex-éditeur Jacques Lanctôt, ont poursuivi le cours de leur vie sans être trop embêtées.

Ce n'est pas le cas de Richard Therrien. En 2001, la Cour suprême a confirmé sa destitution à titre de juge. Le plus haut tribunal du pays avait estimé que, en omettant de préciser au comité de sélection qu'il avait hébergé, à 19 ans, des membres du FLQ liés à l'enlèvement de Pierre Laporte, il avait miné la confiance que doit avoir le public à l'égard des juges.

Quelques années plus tôt, en 1996, la nomination d'un ex-felquiste à titre de sous-ministre adjoint à la Métropole a déchiré la classe politique québécoise.

Alors député libéral, Thomas Mulcair avait jeté les hauts cris devant cette nomination. Dans la foulée, la ministre Louise Harel avait aussi été montrée du doigt parce que son chef de cabinet était lui-même un ancien felquiste.

Louise Harel avait alors déclaré que ce dernier avait assez payé et elle avait déploré «les tentatives du député de Chomedey (Mulcair) de détruire maintenant des gens».

Mme Harel avait aussi brandi la Charte des droits et libertés. «Nul ne peut refuser d'embaucher une personne du seul fait qu'elle a été déclarée coupable d'une infraction criminelle, si cette infraction n'a aucun lien avec l'emploi ou si cette personne a obtenu le pardon.»

«Laissons en paix ceux qui ont obtenu leur pardon», avait pour sa part déclaré l'ancien chef du Parti libéral Claude Ryan.

Pour ce qui est d'André Lavallée, il n'a pas eu à demander de pardon puisqu'il n'a pas eu de dossier criminel.