Paolo Catania, important entrepreneur en construction qui a plusieurs contrats avec la Ville de Montréal, a rejeté avec véhémence les accusations de menaces de mort et de tentative d'extorsion qui viennent d'être portées contre lui en chambre criminelle. «Ce n'est pas dans ma nature, ce n'est pas dans mon état, c'est quelque chose que je ne peux pas faire», a déclaré M. Catania, accompagné de deux avocats, au cours d'une conférence de presse dans ses bureaux, à Brossard.

Il a accusé le plaignant, Elio Pagliarulo, ancien copropriétaire des Pâtisseries Pagel, de tenter de nuire à sa réputation par esprit de vengeance. M. Catania a dit que M. Pagliarulo est un ancien ami, avec qui il a des liens de parenté éloignés, qu'il a voulu aider dans ses projets d'affaires. Il a nié s'être prêté à des opérations de prêt usuraire avec lui. «L'année dernière, M. Pagliarulo m'a demandé de financer des projets d'expansion pour son entreprise Pagel, a-t-il dit. À sa demande, j'ai prêté, via ma compagnie de gestion, des sommes totalisant environ 1,4 million de dollars au taux de 5 % annuellement.»«J'ai donné instruction à mes avocats d'entreprendre des procédures judiciaires contre M. Pagliarulo, puisqu'il était en défaut de paiement. Ma compagnie de gestion a obtenu un jugement en sa faveur pour un montant approximatif de 1,4 million, en date du 23 février 2009. Des procédures d'exécution ont été entreprises, et ont culminé avec la faillite de M. Pagliarulo en date du 2 juillet 2009.»

«Je n'ai jamais directement ou indirectement menacé M. Pagliarulo ou ses proches. Les démarches judiciaires prises contre lui l'ont été dans le cours normal des affaires.»

Selon lui, M. Pagliarulo l'aurait faussement accusé de menaces de mort parce qu'il serait «désespéré». «Je suis l'image la plus publique dans la liste des créanciers, a-t-il dit. Je suis celui qui peut subir le plus de dommages pour les enfants, la famille et la compagnie. Il a bien choisi sa démarche.»

M. Pagliarulo affirme qu'il a été kidnappé et battu par des hommes de main le 1er août. Quelques jours plus tard, ajoute-t-il, des couronnes mortuaires auraient été déposées sur la maison de son ex-femme. Puis, le 20 août, M. Catania lui aurait dit que, la prochaine fois, il l'enverrait dans sa tombe.

M. Catania réfute toutes ces accusations. Il affirme que, lorsque lui et son avocate ont vu M. Pagliarulo, le 20 août, il avait un visage normal. Joint par La Presse après cette conférence de presse, M. Pagliarulo a dit que la police ou le procureur pourront facilement prouver qu'il a subi une importante opération chirurgicale pour coups et blessures à l'hôpital Notre-Dame, le 8 août.

Plus tôt cette année, M. Pagliarulo a été interrogé par un avocat de M. Catania, dans le dossier du prêt de 1,4 million. «Ce prêt que nous avions, Paul Catania et moi-même, c'était... nous étions dans une business de prêt usuraire, a-t-il dit à l'avocat, alors qu'il témoignait sous serment. Et l'argent, les chèques, vous voyez, il y a pour 800 000 $ de chèques qui ont été faits en mon nom, et qui se sont promenés. Tout le reste, c'était de l'argent comptant, ce n'était pas des chèques.»

M. Catania a réfuté cette affirmation, hier. Il a dit à son tour qu'il pourrait prouver qu'il a bel et bien signé pour près de 1,4 million de chèques à M. Pagliarulo.

L'avocat de M. Catania, Pierre L'Écuyer, a par ailleurs accusé La Presse de ne pas avoir rapporté tous les faits pertinents lorsque nous avons révélé l'existence des accusations contre son client, samedi. Me L'Écuyer a dit que La Presse n'avait pas rappelé que M. Pagliarulo avait déjà accepté de remettre la femme d'un membre connu de la mafia sur la liste de paie des Pâtisseries Pagel. M. Catania et son père, Frank, poursuivent La Presse en diffamation pour ses reportages sur le Faubourg Contrecoeur, projet résidentiel controversé de Construction Frank Catania et Associés et de la Ville de Montréal.