Un ambitieux projet de clinique médicale en plein flanc du mont Royal est passé à un cheveu de devenir l'un des enjeux majeurs de la campagne électorale au centre-ville, hier soir. Mais les élus ont in extremis donné raison aux citoyens et à l'organisme Les Amis de la montagne, qui s'insurgent contre le projet. Du moins jusqu'à la prochaine séance du conseil d'arrondissement de Ville-Marie, prévue début octobre.

Au cours d'une assemblée qui a donné le ton à la campagne électorale dans l'arrondissement de Ville-Marie, les élus ont retiré à la dernière minute une résolution afin de changer la vocation d'un projet résidentiel en un lieu de pratique pour 125 médecins de l'Hôpital général de Montréal, affilié au Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Trois élus ont appuyé la décision de retirer le projet, contre un, Karim Boulos, conseiller indépendant, vivement opposé au projet qui aurait préféré le garder à l'ordre du jour.

 

Pas plus tard qu'hier, une consultation publique était pourtant encore prévue à l'agenda des élus du centre-ville, soit le 10 septembre prochain. Même que le maître d'oeuvre des plans architecturaux, Claude Marcotte, de Daniel Arbour et associés, également derrière la transformation de Marianopolis, devait mener une présentation.

En fin de journée hier, lors d'un entretien avec La Presse, le président du groupe immobilier Mach, Vincent Chiara, a convenu qu'il y avait beaucoup de grogne de la part des citoyens du district Peter-McGill, vivant aux abords de l'Hôpital, avenue Cedar.

«On a parlé aux citoyens, a-t-il dit. Le stationnement les inquiète, la circulation et le changement de vocation aussi. On comprend les citoyens. On va faire le travail nécessaire.»

Selon les plans déposés à l'arrondissement, dont La Presse a pu prendre connaissance, la direction du CUSM a conclu une entente de principe afin de louer à long terme le projet du Groupe Mach, dont l'enveloppe de quatre étages a déjà été érigée, avec stationnement souterrain d'une centaine de places. Au départ, quand le projet a été approuvé, en 2007, il était question de construire 64 unités résidentielles de luxe, nécessitant un investissement d'environ 30 millions.

Ce n'est pas la première fois que le terrain du Groupe Mach, dans la montagne protégée, divise élus et citoyens. Avant d'être approuvé, le projet avait fait l'objet de trois référendums. Chaque fois, l'arrondissement a eu assez de signatures des résidants pour exiger du promoteur qu'il refasse ses devoirs. La construction a finalement débuté en 2007-2008, après huit ans de pourparlers avec la Ville.

Par ailleurs, à mesure que les élections approchent, les échanges sont de plus en plus musclés dans Ville-Marie. Cinq élus provenant de trois partis municipaux, dont le maire et un indépendant, siègent à la même table. Au moment de mettre sous presse, la séance promettait de se poursuivre jusqu'à tard en soirée.