Le candidat à la mairie de Longueuil Jacques Goyette a nié en bloc, hier, les allégations d'apparence de conflit d'intérêts soulevées après qu'un journal local eut révélé que des promoteurs immobiliers faisaient exclusivement affaire avec son cabinet de notariat.

Dans une entrevue exclusive accordée à La Presse, le chef du Parti municipal de Longueuil a même sommé ses détracteurs de porter plainte à la police ou au syndic de la Chambre des notaires s'ils jugent qu'il a commis un acte répréhensible.

 

Vendredi, sa rivale dans la course à la mairie, Caroline Saint-Hilaire, a publiquement demandé au conseiller municipal de «faire la lumière» sur ses activités commerciales. Cette sortie fait suite à la publication d'un article dans le journal communautaire Point Sud.

Selon ce reportage, au moins huit promoteurs ou constructeurs d'habitations font affaire exclusivement avec l'étude de notaires où Jacques Goyette a travaillé durant 27 ans, Hardy Goyette et Associés. Et, Goyette est actuellement vice-président du comité exécutif de la municipalité.

Il y a quelques semaines, La Presse a révélé que, le 16 juin, le conseiller municipal avait voté en faveur de deux résolutions sur la vente de lots à des entreprises pour lesquelles il a agi à titre de notaire.

Quelques jours plus tard, Goyette a mis fin à ses activités professionnelles, puis a vendu sa part dans l'entreprise.

«Une campagne de dénigrement», dit le politicien. «Nous avons effectivement des promoteurs immobiliers dans notre clientèle et certains de ces promoteurs font affaire avec la municipalité», a-t-il admis.

«Or, la loi est très claire. Quand un élu a des intérêts pécuniaires dans une transaction, il doit s'abstenir de voter. Je n'ai jamais eu aucun intérêt pécuniaire dans aucune transaction. Je ne suis ni actionnaire, ni partenaire, ni associé de ces compagnies-là.»

Le candidat à la mairie ajoute qu'il a toujours mentionné qu'il avait des intérêts «non pécuniaires» lorsqu'un dossier débattu concernait un client. Cela, même si la loi ne l'y obligeait pas. Il a toutefois admis avoir dérogé, le 16 juin, à ce «code de conduite» qu'il s'était «lui-même imposé».

«Est-ce que l'on peut reprocher à quelqu'un d'avoir réussi en affaires? Ce sont tous des clients que mon associé et moi avions avant que j'entre en politique.» Il ajoute avoir délaissé tous les mandats que la municipalité avait confiés à son étude lors de son entrée en politique il y a quatre ans.

Ce matin, les avocats de Jacques Goyette feront parvenir une mise en demeure au journal Point Sud. «On demande une rétractation. Si ce n'est pas satisfaisant, on va intenter des recours contre le journal et le journaliste», dit-il.

«Ce sont des allégations qui s'apparentent à de la désinformation, poursuit-il. Caroline Saint-Hilaire veut les utiliser afin de discréditer ma réputation.»