Le porte-parole du Refuge des jeunes, le chanteur Dan Bigras, se dit «très inquiet» du déménagement possible de l'organisme et déplore qu'on ne l'ait pas informé avant de cette éventualité.

Le Refuge des jeunes, qui aide chaque année plus de 600 adolescents démunis de la métropole, risque l'expulsion depuis que l'église Saint-Louis-de-France, où sont situés ses locaux, a été vendue au début du mois.

L'Église évangélique Restauration a acheté l'immeuble, situé au coin des rues Berri et Roy, dans le Plateau-Mont-Royal, pour 1,3 million. Mais le président de l'Église, Byron Quevedo, n'annoncera que la semaine prochaine ce qu'il adviendra du Refuge des jeunes.

«On nous garantit que la semaine prochaine on saura ce qu'il adviendra de nous, affirme la directrice générale du Refuge, France Labelle. Mais en attendant, on est laissés dans le noir.»

L'église Saint-Louis-de-France n'attirait plus les fidèles depuis quelque temps; c'est pourquoi il a fallu la vendre. L'Église évangélique Restauration, qui cherchait à quitter ses locaux trop étroits du quartier Villeray, l'a donc achetée.

Pour Dan Bigras, il est étonnant que le clergé de Montréal n'ait pas informé le Refuge des jeunes de la transaction. «Je ne comprends pas ce silence. On a fait comme si le Refuge n'existait pas», dénonce-t-il.

Comme l'a écrit Le Devoir hier, M. Quevedo n'a pas encore déclaré officiellement ses intentions par rapport au Refuge des jeunes. Par la voix de son fils, le nouveau propriétaire a indiqué que la survie de l'organisme n'était pas menacée dans l'immédiat mais que l'Église évangélique Restauration, qui compte déjà 400 fidèles, est en pleine expansion.

Dan Bigras n'est pas optimiste. «D'après moi, l'Église aura besoin de tous les locaux... On est très inquiets. Déménager une organisation comme le Refuge des jeunes prend du temps», dit-il.

Le Refuge des jeunes occupe le sous-sol du bâtiment depuis 1989, et son bail est valide pour encore deux ans. Il pourra donc rester dans ses locaux jusqu'en octobre 2011. Mais Mme Labelle a hâte d'être fixée sur son avenir.

En attendant, elle ne veut pas alerter ses jeunes clients, qui sont aux prises avec des problèmes divers, dont la toxicomanie. «On va attendre la réponse des nouveaux propriétaires, dit Mme Labelle. Mais si on nous expulse, je vais remuer ciel et terre pour nous réinstaller rapidement.»