Les automobilistes devront ralentir dans l'île de Montréal. Après trois ans de pourparlers, la Ville de Montréal a finalement conclu une entente avec le ministère des Transports pour abaisser la limite de vitesse de 50 à 40 km/h dans toutes les rues résidentielles de l'agglomération.

Les premiers panneaux signalant la limite de 40 km/h apparaîtront d'ici la fin de l'été aux abords des rues. La mise en oeuvre de la nouvelle réglementation se fera de manière graduelle, secteur par secteur. Elle devrait être complétée au milieu de l'année 2010, estime André Lavallée, responsable du transport au comité exécutif de la Ville de Montréal.

«La réduction de la limite de vitesse contribuera, j'en suis convaincu, à augmenter sensiblement la sécurité et la qualité de vie des résidants de Montréal», a déclaré M. Lavallée, qui se dit « très heureux » que ses démarches aboutissent enfin.

La demande initiale de la Ville avait été déposée à l'automne 2006 en commission parlementaire. L'administration Tremblay souhaitait alors que la limite de 40 km/h devienne la vitesse « par défaut » dans l'ensemble des rues résidentielles des arrondissements et des villes de l'agglomération.

Le ministère des Transports n'a pas donné suite à cette demande en raison de diverses considérations techniques. Les deux parties ont donc trouvé une autre solution: la signalisation par secteur. Cette approche, que le comité exécutif de la Ville de Montréal a entérinée le 10 juin, ne nécessitera aucune modification au Code de la sécurité routière du Québec.

«On trouvera des panneaux à l'entrée des secteurs où la limite de 40 km/h sera en vigueur», a expliqué André Lavallée, qui assure que la nouvelle signalisation sera claire pour les automobilistes. La limite restera de 50 km/h dans les grandes artères, et de 30 km/h aux abords des écoles, a-t-il précisé.

Les municipalités de l'Ouest-de-l'Île et les arrondissements Outremont, LaSalle et Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce ont déjà imposé une limite de 40 km/h.

Moins de décès?

Le budget requis pour la mise en oeuvre du projet est estimé à 2,75 millions, dont 2 millions pour l'achat et l'installation des panneaux de signalisation. Des dollars bien investis, estime André Lavallée.

«La réduction de la vitesse engendrera une réduction significative de la gravité des blessures sur nos routes», a-t-il dit. Selon les études, la probabilité de décès d'un piéton est de 70% dans un accident où un véhicule roule à 50 km/h, contre 25% quant la vitesse est de 40 km/h.

L'arrivée prochaine des nouvelles limites de vitesse réjouit Patrick Howe, directeur des relations publiques de Vélo Québec. Mais le véritable défi sera de les faire respecter, a-t-il dit. «Actuellement, les limites de 50 km/h ne sont déjà pas observées. Est-ce que ceux de 40 vont l'être? Si on ne met pas en place davantage de mesures coercitives, j'en doute.»

Projet Montréal, dont l'une des priorités est de limiter l'utilisation de l'automobile au profit des transports en commun, estime que l'administration Tremblay ne va pas assez loin. Dans son programme, le parti municipal propose pour sa part de réduire la vitesse à 30 km/h dans les secteurs résidentiels.

Émilie Thuillier, attachée politique de Projet Montréal, estime qu'il faut aménager les rues pour faire en sorte que les automobilistes ralentissent. En élargissant la chaussée avec des poteaux ou des traits de peinture, par exemple. «Toutes les études démontrent que changer uniquement les panneaux n'a aucun impact», a-t-elle indiqué.