Quelques minutes, des poignées de mains et des autographes sur des ballons ronds: c'est tout ce qu'il aura fallu à Zinédine Zidane pour gagner le coeur des centaines de jeunes qui s'étaient massés hier dans un petit aréna de Montréal-Nord à l'annonce du passage du footballeur étoile.

Zinédine Zidane n'avait pas fait deux pas dans l'aréna de Montréal-Nord que déjà la foule scandait «Zizou, Zizou, Zizou, Zizou! On t'aime!!!!» en étirant le bras pour effleurer - à tout le moins - la star. Visiblement sensible à ce flot d'émotion, Zidane a pris son temps pour rejoindre la tribune où il devait prendre la parole, s'arrêtant systématiquement pour serrer la main de ses fans ébahis et laisser beaucoup, beaucoup d'autographes derrière lui. «Pas là! Ça va s'effacer!» a-t-il remarqué, bon enfant, à un gamin qui réclamait un souvenir sur son bras.

 

Mais Zinédine Zidane était d'abord là pour envoyer un message d'espoir aux jeunes: «Quand on croit à ses rêves, tout est possible!»

Élevé dans une banlieue pauvre de Marseille, Zinédine Zidane a connu, lui aussi, la dure réalité de grandir dans un quartier «pas facile» comme Montréal-Nord aux prises avec des problèmes de pauvreté, de décrochage scolaire et secoué l'été dernier par de violentes émeutes à la suite de la mort de Fredy Villanueva. «C'était très difficile, j'avais juste une envie: sortir de ce quartier pour faire quelque chose de ma vie...» a-t-il raconté lors d'un bref point de presse avant de rencontrer les jeunes.

«Quand on me regarde aujourd'hui, on croit souvent que j'ai eu la vie facile, mais ça n'a jamais été facile, leur a-t-il ensuite lancé. Mais j'ai tenu bon, je me suis accroché. (...) Quand on a envie de réussir, on peut réussir, et pas que dans le sport.»

 

Zinédine Zidane n'était «pas là pour donner des leçons», «mais à travers mon parcours, beaucoup de jeunes peuvent être inspirés».

«Vrai!» ont répliqué les spectateurs - 1400 selon les organisateurs - dans leurs témoignages. «On a toujours besoin d'un modèle, d'un père ou d'une mère qui va nous inciter à nous dépasser. Zinédine, c'est un grand joueur mais aussi un grand homme», disait Ben Souda Noureddile, qui avait trimballé avec lui toute l'équipe des Puma pee-wee de Montréal-Nord. «Ça va rehausser l'image de notre quartier et prouver qu'on est capables d'avoir des gens importants. Il nous redonne un sentiment de fierté», a renchéri hier Sarah Sahtali, 19 ans.

Le bain de foule de Zinédine n'aura pas duré plus d'une demi-heure et, pressé par un horaire réglé au quart de tour, il n'aura même pas eu le temps de répondre à la dizaine de questions que des enfants avaient préparées pour lui. La sonorité de l'aréna était du reste très mauvaise et l'on avait du mal à comprendre ses propos. Quant à ceux des dignitaires, dont le maire de l'arrondissement, Marcel Parent, ils ont été complètement enterrés par les cris des jeunes qui réclamaient toujours plus de Zidane.

«Ces moments-là sont toujours trop courts, c'est dommage. Mais, au moins, les jeunes l'ont vu, ils avaient besoin de ça après tout ce que le quartier a vécu, après les émeutes», a remarqué Victor Henriquez, porte-parole de l'organisme communautaire Les fourchettes de l'espoir.

Zinédine Zidane affrontera cet après-midi des policiers de Montréal lors d'un match amical de soccer au stade Percival-Molson dont une partie des profits sera remise à l'UNICEF pour financer la construction d'une école au Burkina Faso.

Le jeune retraité a remarqué hier qu'à 37 ans, il n'a plus tout à fait la même forme qui lui a permis d'être classé trois fois meilleur joueur mondial de l'année par la FIFA. N'empêche que les jeunes ne donnaient aucune chance aux policiers de l'emporter contre la star et son équipe de joueurs d'élite. «On est surtout là pour qu'il y ait un peu d'adversité... mais je ne gagerais pas qu'on va gagner!» blaguait hier l'agent - et centre droit - Marc Parent.

Photo: Robert Skinner, La Presse

Selon les organisateurs, 1400 personnes se sont rassemblées à l'aréna de Montréal-Nord hier pour voir "Zizou".