Des gens d'affaires critiquent vertement l'administration Tremblay pour son refus d'autoriser la construction de télécabines qui relieraient le Vieux-Montréal à la Rive-Sud. Ils l'accusent de manquer «d'ouverture d'esprit».

La Société de développement commercial du Vieux-Montréal, qui représente les entrepreneurs du quartier historique, affirme que la Ville a raté une occasion en or d'appuyer un projet «visionnaire» et «écologique».

«Je ne comprends pas que ça n'entre pas dans la vision de développement de Montréal, dénonce le président de l'organisme, Michael Banks. Dans des villes comme Barcelone, Rio de Janeiro et Singapour, il y a des télécabines, mais à Montréal, ce n'est pas acceptable.»

Après quelques jours de réflexion, le comité exécutif a finalement dit non à la compagnie Skylink, qui proposait d'ériger un téléphérique entre le Vieux-Port et Saint-Lambert. Le plan prévoyait des arrêts à l'île Sainte-Hélène et à l'île Notre-Dame.

Les autorités ont estimé que le projet était mal ficelé et qu'il ne cadrait pas dans le paysage du Vieux-Montréal. Elles étaient aussi sceptiques face aux prévisions du promoteur, qui soutenait que les télécabines généreraient des retombées de 120 millions de dollars, soit plus que le Grand Prix de Formule 1 et le Festival de jazz réunis. M. Banks est toutefois certain que l'argent aurait été au rendez-vous.

«Ça aurait augmenté le nombre de gens qui circulent dans le Vieux-Montréal, dit-il. Parce qu'un problème dont on nous parle souvent, c'est qu'il n'y a pas de stationnement dans le secteur. Avec les télécabines, les gens auraient pu venir sans leur voiture.»

Mais le maire Gérald Tremblay persiste et signe: le plan présenté par Skylink était nébuleux et son financement restait un mystère. Un argument que les gens d'affaires pourront aisément comprendre, a-t-il fait valoir.

«On a regardé le projet dans son ensemble - les projections, les retombées touristiques -, et beaucoup de questions restent sans réponse», a-t-il résumé.

Skylink espère toujours convaincre le Port de Montréal, qui ne relève pas de la Ville, de le laisser aménager un terminal sur le quai Alexandra. Mais l'administration Tremblay affirme que cela n'y changera rien puisqu'il faudrait installer des pylônes dans les îles Sainte-Hélène et Notre-Dame, ce qu'elle refuse d'autoriser.

La mort du projet a été accueillie avec indifférence de l'autre côté du Saint-Laurent. Le président de la Corporation de développement commercial de Saint-Lambert, Michel Gratton, estime que les télécabines n'auraient pas changé grand-chose à sa ville.

«Je ne voyais pas d'impact pour Saint-Lambert au plan commercial, a-t-il indiqué. J'ai du mal à comprendre ce qui pourrait attirer des touristes du Vieux-Montréal jusqu'au village urbain de Saint-Lambert, aussi joli soit-il.»