D'un point de vue purement physique, vélos et autos sont sur la route l'équivalent de David contre Goliath. Quand l'automobiliste frôle le cycliste, celui-ci en tremble comme une feuille. Mais des cyclistes se rebellent.

Fabian Rodriguez, un informaticien de Montréal qui roule constamment à vélo, s'est longtemps «défendu» contre les automobilistes trop envahissants en frappant sur leur capot. «Je m'assurais de ne pas endommager le véhicule. Ça avait un effet instantané sur les conducteurs qui me collaient de trop près. C'est comme donner une taloche à l'arrière de la tête de quelqu'un que tu ne connais pas. Le message passe», dit-il.

Récemment, l'informaticien a cependant adopté une nouvelle stratégie: «J'ai acheté un klaxon qui sonne plus fort qu'un camion de 18 roues», explique-t-il. Ce «klaxon» pour vélos est en fait une sorte de trompette à air comprimé qui s'installe sur son guidon. «Quand je le fais sonner, ça me met sur un pied d'égalité avec les voitures. C'est magique. Les automobilistes pensent immédiatement qu'ils vont se faire heurter par un camion. Ils se tassent», croit M. Rodriguez.

Grands moyens

D'autres cyclistes prennent aussi les grands moyens pour retracer les automobilistes jugés dangereux. Le 1er juin, sur le forum du site de Vélo Québec, dans la rubrique des petites annonces, un cycliste a inscrit ce message: «Vélo cyclosportif recherche Ford Windstar qui frôle les cyclistes dans le secteur Mirabel. Attention, la plaque du véhicule est le XXXXXXXX.»

François Éthier, un cycliste sportif qui s'était entraîné au même endroit quelques semaines avant la parution de l'annonce a reconnu la description du véhicule. «Je me souviens: alors que je m'entraînais dans des conditions très venteuses, le même conducteur m'a carrément frôlé et s'est arrêté quelques mètres plus loin en me jurant que la prochaine fois, il me ferait prendre le champ, raconte M. Hétier. J'ai porté plainte à la police, mais sur le coup, ça n'a rien donné. Quand j'ai contacté le cycliste qui a publié la petite annonce, le dossier est allé plus loin. L'annonceur était lui-même un policier. Il a rencontré les policiers locaux, et ceux-ci ont rencontré le chauffard.»