Dans un ultime effort pour «vendre» son projet de télécabines entre Saint-Lambert et le Vieux-Port, la compagnie Skylink a annoncé, hier qu'elle irait investir ailleurs si le dossier ne débloquait pas avant le 18 juin.

«Notre fenêtre d'opportunité va bientôt se refermer. Pour nous, après, il sera trop tard», a lancé le porte-parole de l'entreprise montréalaise, Luc Harvey, hier, en conférence de presse. Le but n'est pas de lancer un ultimatum, c'est que le projet se fasse.»

 

Skylink Télécabines souhaite construire son téléphérique urbain au dessus du fleuve Saint-Laurent. Celui-ci relierait les deux rives par câbles, avec des arrêts à l'île Sainte-Hélène et à l'île Notre-Dame. La station d'embarquement côté Montréal se trouverait sur le quai Jacques-Cartier, tout près du marché Bonsecours.

Présenté par les promoteurs comme un «nouveau moyen de transport en commun écologique, doublé d'une attraction à fort potentiel touristique», le projet a reçu un certain nombre d'appuis dans le monde des affaires et du tourisme montréalais, incluant la Société du Havre, le parc Jean-Drapeau et la Société des commerçants du Vieux-Montréal.

Contre le projet

Un seul acteur bloque présentement sa réalisation, et il s'agit de la Société du Vieux-Port de Montréal (SVPM), qui relève du gouvernement fédéral. La Société d'État refuse toujours d'accueillir le projet sur son territoire, estimant qu'il nuirait à l'aménagement actuel, tant au niveau esthétique, qu'environnemental et patrimonial.

«Skylink veut un terrain de 1600 m2 pour construire un immeuble de quelques étages dans l'axe patrimonial principal de Montréal. Ça viendrait à l'encontre de tous les principes de protection et d'aménagement du secteur que nous défendons depuis 25 ans», explique Michel Rafie, directeur des relations publiques pour la SVPM. «Encore une fois, nous ne sommes pas contre le projet. Nous sommes contre son implantation sur nos terrains.»

Skylink pourrait-elle s'installer ailleurs qu'au Vieux-Port? Pas vraiment, répond Jeff Jorgensen, vice-président de l'entreprise. «Ailleurs, ça n'aurait pas de bon sens. Ça ne serait pas rentable. C'est là qu'il y a de l'achalandage. Pour nous, c'est là ou rien.»

Skylink télécabines souhaite que la Ville et le ministère des Transports - dont relève la SVPM - interviennent dans le dossier. La première dit «étudier le dossier», alors que le Ministère nous a renvoyés à la SVPM.

D'une valeur de 100 millions, Télécabines Montréal serait financé en totalité par le privé. La durée de la traversée serait d'une dizaine de minutes et les cabines pourraient transporter jusqu'à 5000 personnes par heure, à raison de 8 passagers par cabine et 76 cabines roulant à un intervalle de 12 secondes. Sept pylônes de 60 m (198 pieds) relieraient le Vieux-Port à Saint-Lambert.

Samedi dernier dans La Gazette, la directrice du Centre canadien d'architecture Phyllis Lambert a qualifié le projet de «grotesque».