Les adversaires politiques de Gérald Tremblay n'ont guère été convaincus par la sortie de Frank Zampino, hier. Ils estiment que l'ancien bras droit du maire a laissé plus de questions en suspens qu'il n'en a éclairci.

«De toute évidence, son intention était de susciter la sympathie avec à la fois cette admission d'erreur qui semble venir du fond du coeur, ce rappel d'une amitié, le prix payé par sa famille, le fait qu'il n'a que 49 ans et qu'il doit travailler», a raillé le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. Dans sa première entrevue depuis l'éclosion des scandales qui ébranlent l'administration Tremblay, M. Zampino a reconnu avoir commis une «erreur grave» en séjournant sur le yacht de l'homme d'affaires Tony Accurso. Mais il a assuré qu'il n'est jamais intervenu pour que son ami obtienne le lucratif contrat des compteurs d'eau quelques mois plus tard.

«C'est limiter le sujet à sa plus petite expression», affirme M. Bergeron.

L'ancien chef du comité exécutif n'a pas été questionné sur la privatisation de la Société d'habitation et de développement de Montréal, un changement de statut qui a mené à de nombreuses irrégularités dans la vente de terrains municipaux, selon un rapport de la firme Deloitte. Il était pourtant responsable des sociétés paramunicipales.

La candidate à la mairie Louise O'Sullivan, qui a autrefois siégé au comité exécutif avec Frank Zampino, n'a pas été plus impressionnée par les propos de son ancien collègue.

«Il n'a rien fait pour atténuer le jugement de la population sur le comportement de l'administration Tremblay», a-t-elle jugé.

Le conseiller Marvin Rotrand, membre d'Union Montréal, n'est pas de cet avis. Il affirme que son ancien collègue est victime d'une «campagne d'insinuations» et souligne que, même si ses gestes paraissent mal, personne ne l'a accusé de quoi que ce soit.

«Je crois que la population sympathisera avec lui, a affirmé le conseiller de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce-Snowdon. Elle verra qu'il a admis son erreur et qu'il n'a rien fait de mal.»

N'empêche, M. Rotrand admet qu'il aurait bien aimé entendre son ex-collègue sur la privatisation de la SHDM. «J'aimerais avoir plus d'information, moi aussi, a-t-il indiqué. Je serais heureux qu'il partage toute nouvelle information sur la SHDM s'il en possède.»

Le maire Tremblay et le chef de l'opposition Benoit Labonté ont tous deux refusé de commenter les propos de Frank Zampino.