La Ville de Saint-Lambert pourra finalement aller de l'avant avec son nouveau plan d'urbanisme. Les Lambertois ont décidé de permettre la construction d'immeubles en hauteur à l'issue d'un référendum des plus serrés.

Les partisans du projet controversé du maire Sean Finn ont remporté la bataille de justesse: 53% des Lambertois ont approuvé les deux règlements de zonage et lotissements essentiels à l'application du plan d'urbanisme.

«On avait un plan d'urbanisme vieux de 20 ans, il était temps de le refaire pour revaloriser plusieurs secteurs de la Ville», s'est réjoui le président du comité du Oui, Martin Boyer.

Dans le camp du Non, la pilule a été dure à avaler. «La ville est maintenant divisée en deux et je ne sais pas comment le maire pourra l'administrer, a critiqué le porte-parole du Non, Jean-Claude Champagne. Il y a ceux qui habitent à l'ouest du boulevard Laurier, qui ont appuyé le plan parce qu'on leur a fait miroiter des baisses d'impôt foncier, et ceux qui habitent à l'est, qui habitent des résidences plus modestes et qui seront plus pénalisés par la construction des édifices en hauteur.»

Le plan d'urbanisme avait d'abord été rejeté le 25 février dernier par 779 citoyens qui avaient signé un registre après avoir découvert que le plan ouvrirait la voie à la construction d'immeubles de six à huit étages près du centre-ville. Depuis l'annonce de la tenue du référendum, le dossier avait fait l'objet de débats houleux entre les camps du Oui et du Non.

La population mobilisée

Malgré le beau temps qui invitait surtout au farniente, le taux de participation au référendum a frôlé les 40%, hier, ce qui est presque aussi élevé que les 45% observés aux dernières élections municipales. Dans les secteurs directement visés par les modifications, le taux de participation a même atteint 50%.

«On a l'occasion de s'exprimer sur le futur de notre ville pour éviter de se faire imposer des choses qu'on pourrait regretter. Il ne faut pas laisser passer ça», a expliqué en mi-journée Laurent Daigneault, un grand gaillard de 24 ans.

Mais la perspective que le cachet patrimonial de Saint-Lambert soit compromis en a aussi effrayé plusieurs. « On n'est pas contre l'aménagement de la ville. Mais on ne veut pas d'immeubles de huit étages qui vont défigurer le paysage», dit Luc Moquin, montrant du doigt une rangée de coquettes maisons de briques rouges.

«Je ne suis pas convaincue que le plan, dans sa forme actuelle, permettra d'éviter une densification sauvage du territoire, alors dans le doute, j'aime mieux m'y opposer», ajoute Mireille Roy.

Le résultat du référendum devrait aussi avoir des conséquences considérables sur le paysage politique de la Ville. Une victoire du camp du Non aurait certainement incité le maire Sean Finn à reconsidérer sa participation aux élections municipales l'automne prochain. La conseillère Jill Lacoursière a déjà annoncé que, en cas de victoire du Oui, elle quitterait la politique. Le président du camp du Non, Jean-Claude Champagne, entend d'ailleurs relancer le débat au cours de la campagne électorale municipale.

Le maire Finn n'a pas commenté ces résultats hier.