Le nouveau M. Propreté de la Ville de Montréal, Luis Miranda, peut se compter chanceux: il n'aura pas à affronter à sa première année en poste la fronde des commerçants déçus des opérations de nettoyage. Le centre-ville aura rarement été aussi propre si vite après la fonte des neiges.

De la rue Sainte-Catherine à la rue Crescent en passant par Saint-Denis, le constat semble unanime: le grand ménage du printemps donne des résultats satisfaisants cette année. «D'habitude, à pareille date, les trottoirs sont encore jonchés de déchets et ce n'est pas du tout invitant pour les clients. Les parents ont de la misère à circuler avec leurs poussettes. Mais ce printemps, vraiment, on n'a rien à redire», dit Daniel Beaupré, propriétaire de la boutique Courir et représentant des commerçants ayant pignon sur la rue Saint-Denis.

 

«Cela fait longtemps qu'on travaille fort pour faire avancer le dossier et on voit enfin des résultats», avance le président de Destination centre-ville, André Poulin. Même dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve, qui possède l'une des plus mauvaises réputations dans ce domaine, le portrait a changé. «C'est ici que l'on vient prendre chaque année des photos de poubelles qui traînent dans les rues pour illustrer la malpropreté de Montréal. C'est le printemps, il y a bien quelques déchets de l'hiver qui traînent encore cette année, mais c'est propre!» dit Jimmy Vigneux, de la Société de développement de la rue Sainte-Catherine Est.

Or, à la Ville de Montréal, on avoue ne pas avoir effectué de modifications importantes au déroulement des opérations nettoyage en 2009. Le budget alloué à la propreté est resté inchangé depuis 2006, à 66 millions$, et le responsable des services aux citoyens, Luis Miranda, a surtout de bons mots pour Dame Nature. «La météo nous a facilité la tâche. L'an passé, à la même date, on était encore sous la neige alors que cette année, on a pu entreprendre les travaux de nettoyage dès le mois de mars.»

Jusqu'à la fin du mois d'avril, plus de 4100 km de chaussée, 6550 km de trottoirs, 400 km de pistes cyclables, 522 km de ruelles, 17 grands parcs et 1000 petits espaces verts devront être dégagés des déchets qui se sont accumulés pendant l'hiver.

En 2008, les 13 inspecteurs chargés de faire appliquer le règlement sur la propreté dans l'arrondissement de Ville-Marie ont émis 1741 constats d'infraction. «Cela a aussi peut-être son effet sur les mentalités, et les gens font plus attention maintenant», avance M. Miranda.

Tout n'est pas parfait

Mais de là à affirmer que l'entretien du centre-ville ne laisse plus à désirer, il y a un pas qu'André Poulin refuse de franchir. «Il faut absolument accélérer le remplacement du mobilier urbain - dont les poubelles - qui a été brisé pendant les opérations de déneigement. Il y en a encore beaucoup trop et ça défigure le coeur de la ville.»

Rue Crescent, c'est contre l'état de la chaussée que les critiques fusent. «Il y a eu une nette amélioration du côté de la propreté... mais on ne peut pas en profiter à cause des nids-de-poule qui n'ont pas encore été réparés», dénonce Bernard Ragueneau, président de l'Association des commerçants de la rue Crescent.