Près des trois quarts des arénas du Québec utilisent un système de réfrigération au fréon, un gaz qui sera bientôt illégal, a appris La Presse. Les municipalités et les propriétaires privés ont jusqu'à 2020 pour les remplacer, un chantier qui coûtera près de 1 milliard.

Plus de 90% des arénas du Québec utilisaient un système de réfrigération au fréon au début des années 2000, selon une étude du ministère fédéral des Ressources naturelles. Et même si certaines villes ont commencé à les remplacer, des sources au fait du dossier calculent qu'au moins 300 arénas utilisent toujours ce dispositif au gaz polluant.

 

«Il y a de 70% à 75% des arénas qui sont au fréon, affirme Gilles St-Louis, président de l'Association des arénas et des installations récréatives et sportives. On a aux alentours de 480 arénas au Québec. Plus de 300 devraient donc être modifiés. À 3 millions par aréna, on parle de 900 millions facilement.»

Le fréon - aussi connu sous le sigle HCFC-22 - est un gaz à effet de serre qui attaque la couche d'ozone lorsqu'il s'échappe dans l'atmosphère. Le protocole de Montréal, signé en 1987 et amendé à plusieurs reprises, engage le Canada à cesser d'utiliser les HCFC en 2020. Mais plusieurs échéances intermédiaires l'obligent à prendre de l'avance. Dès l'an prochain, 65% de ces gaz seront retirés du commerce. On prévoit que le phénomène de rareté provoquera une hausse vertigineuse des prix.

«Au niveau des municipalités du Québec, il n'y a pas encore de plan B, s'inquiète Gilles St-Louis. Je ne sais pas si elles sont conscientes du problème.»

Remplacer un système de réfrigération au fréon coûte une fortune. Il faut souvent agrandir le bâtiment pour faire place à un dispositif séparé, briser la dalle de béton et remplacer tous les tuyaux qui se trouvent en dessous. La facture: près de 3 millions pour chaque aréna.

Montréal investira 90 millions pour rénover 15 arénas, espérant aussi profiter des subventions annoncées par le gouvernement Harper dans son dernier budget. Malgré tout, une vingtaine de patinoires utiliseront toujours des dispositifs au fréon au terme de la cure jeunesse, en 2011.

La Ville de Québec a lancé un projet semblable. Elle remplacera trois systèmes de réfrigération chaque année d'ici 2013, assez pour rénover l'ensemble de ses arénas, explique François Picard, responsable du dossier au comité exécutif de la capitale. «Jusqu'à présent, dit-il, on ne compte sur l'appui d'aucun autre gouvernement.»

Mais d'autres villes, surtout les plus petites, ne peuvent s'offrir un tel luxe. Le village de Chute-aux-Outardes, sur la Côte-Nord, a dû se résigner à fermer l'aréna municipal, l'an dernier. Non seulement son toit était-il en très mauvais état, mais il aurait de plus fallu investir 3 millions pour cesser d'utiliser le fréon dans quelques années.

Avec une population de 1800 habitants, la Ville n'avait pas les moyens de se payer un tel projet, résume la responsable des loisirs, Manon Finn. «On a d'autres obligations municipales, comme construire une usine de traitement des eaux, explique Mme Finn. On est un petit village et on n'est pas très nombreux pour payer des travaux d'infrastructure.»

Ce scénario pourrait bien se répéter dans les prochaines années, dit Gilles St-Louis, de l'Association des arénas.

Un coup de pouce

Depuis l'an dernier, l'Agence de l'efficacité énergétique donne un coup de pouce aux municipalités qui souhaitent installer des appareils moins polluants dans leurs arénas. Le programme, doté d'une enveloppe de 3 millions sur deux ans, subventionne des études de faisabilité, et permet aux villes d'obtenir jusqu'à 95 000$ lorsqu'elles achètent de nouveaux systèmes de réfrigération.

Mais à peine 21 municipalités ont présenté des projets à l'Agence à ce jour. Une vingtaine de nouveaux projets devraient s'ajouter cette année.

«Le programme est jeune et ce sont des investissements majeurs, convient Michel Fournier, qui pilote le programme. Les processus décisionnels dans les municipalités prennent du temps. Ce n'est pas simple.» Mais cet ingénieur reste optimiste. Il espère un boom dans les prochains mois. D'ailleurs, souligne-t-il, les programmes de réfection d'infrastructures lancés par Ottawa fournissent une excellente occasion aux villes qui souhaitent améliorer leurs arénas.

«L'intervention qu'on fait avec ce programme-là et l'énergie qu'on met pour soutenir les municipalités me semblent bien suffisantes, soutient-il. Les programmes d'infrastructures sont là aussi.»