Le projet de reconstruction de l'échangeur Turcot est un dossier «en évolution», qui a été amélioré depuis sa présentation publique, il y a deux ans, et qui continuera de changer en fonction des opinions exprimées lors des consultations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

C'est ce qu'a affirmé hier le directeur du Bureau de projet Turcot du ministère des Transports du Québec, Alain Dubé, en réaction aux critiques exprimées mardi à l'endroit du projet autoroutier de 1,5 milliard, lors de la publication d'une étude évaluant l'impact environnemental de ce chantier de sept ans.

 

M. Dubé a affirmé que plusieurs modifications importantes ont déjà été apportées au projet en réponse aux nombreuses demandes exprimées lors des quelque 75 rencontres de consultations, avec des organismes de tous les milieux, qui ont précédé la parution de cette étude.

Le chef de projet a ainsi souligné que c'est en réponse à des demandes du milieu que la voie ferrée sera éloignée d'une quinzaine de mètres de la falaise Saint-Jacques au lieu d'en suivre le profil, comme il était prévu à l'origine. Ce dégagement d'environ 15 mètres entre la falaise et la nouvelle emprise ferroviaire permettra de mettre en valeur cette formation naturelle qui a toujours caractérisé les limites du secteur Notre-Dame-de-Grâce, au nord de Turcot.

M. Dubé souligne aussi que c'est en réponse à une demande locale que les liens routiers entre les autoroutes et les réseaux des rues locales ont été améliorés, notamment afin de réduire le camionnage dans certaines rues résidentielles, particulièrement dans le secteur industriel Cabot, de Côte-Saint-Paul.

Impact de la hausse du trafic

Le chef de projet a par ailleurs défendu la méthodologie d'une étude du MTQ sur les émissions polluantes des véhicules qui soutient que la hausse du trafic dans le nouvel échangeur n'aura pas d'impact sur la qualité de l'air.

Le MTQ soutient, dans son étude d'impact, que «les prévisions d'achalandage montrent que l'on assisterait à une légère hausse de la circulation dans le complexe Turcot, en 2016. Comme le parc des véhicules en 2016, composé de véhicules allant des modèles 1991 à 2016, émettra beaucoup moins de polluants que la flotte actuelle, on obtient une réduction proportionnelle des émissions des véhicules». Cette réduction des émissions de véhicules plus neufs compensera ainsi pour l'augmentation du trafic, selon le MTQ.

Cette affirmation du MTQ a été ridiculisée, mardi, par le directeur du Conseil régional de l'Environnement de Montréal, André Porlier, et par les porte-parole d'autres groupes, qui préfèrent attendre le début des audiences publiques avant de commenter publiquement ce projet de reconstruction. M. Dubé a pour sa part certifié hier que cette évaluation «repose sur une méthodologie éprouvée et reconnue à travers le monde».

Le projet du MTQ est aussi critiqué en raison de l'«absence d'intégration urbaine» et la part congrue réservée aux transports collectifs dans la reconstruction de l'échangeur. M. Dubé fait remarquer que trois corridors de transports en commun seront «protégés» au moment de la conception et de la construction du nouvel échangeur.

Le directeur affirme ainsi que le passage de la future navette ferroviaire, qui reliera l'aéroport international de Dorval au centre-ville de Montréal en passant par le sud-ouest, sera assuré, malgré la présence du nouvel échangeur Turcot.

M. Dubé précise que les discussions sont en cours avec l'Agence métropolitaine de transport pour l'aménagement d'un corridor exclusif de transports en commun, au centre de l'autoroute 20, lorsque celle-ci aura été reconstruite, dans le cadre du projet. Un troisième corridor de transports collectifs sera disponible rue Notre-Dame pour relier le sud-ouest au centre-ville, si la Société de transport de Montréal juge à propos de l'aménager.

Ces projets éventuels de transports collectifs seront toutefois financés et aménagés hors du cadre du projet de reconstruction de Turcot, a reconnu le directeur de projet.

M. Dubé ajoute par ailleurs que les occupants des 174 logements démolis, à cause des expropriations nécessaires, seront pris en charge, aux frais du MTQ, par le Service de référence de la Ville de Montréal, pour se trouver un nouveau logement. Il ajoute que des discussions sont en cours avec la Société d'habitation du Québec et l'Office municipal d'habitation de la Ville de Montréal afin que ces démolitions soient compensées par la construction de nouveaux logements «pour maintenir le parc de logements abordables» du secteur.