Il faudra être millionnaire pour se porter acquéreur d'une habitation dans l'ancien collège des prêtres sulpiciens, situé sur le flanc de la montagne, une fois transformé en complexe résidentiel haut de gamme. Les plans de conversion extrême du site, dont La Presse a obtenu les maquettes, doivent être présentés ce matin pour approbation aux élus de l'exécutif du maire Tremblay, lors de leur rencontre hebdomadaire.

Avant de pouvoir sortir de terre, le projet baptisé «Marianopolis», de 350 unités d'habitation, dont 10 maisons unifamiliales, devra passer par le conseil municipal de Montréal. Il sera ensuite soumis à des audiences publiques consultatives durant lesquelles tous les détails seront regardés à la loupe par des experts en urbanisme et architecture. Si tout va dans les délais souhaités par le promoteur, la construction commencera l'automne prochain, aux abords du chemin de la Côte-des-Neiges, entre l'avenue Cedar et le chemin Saint-Sulpice.

Lors d'un entretien avec La Presse, Claude Marcotte, associé principal de la firme Daniel Arbour à l'origine des études et esquisses, a expliqué que, malgré la crise économique, il y a un bassin d'acheteurs à Montréal pour ce type d'habitations. «On a déjà reçu des lettres d'intention d'acheteurs potentiels, a dit M. Marcotte. Il s'agit d'un site exclusif, unique en son genre.»

Après avoir étudié les plans, les élus de l'arrondissement de Ville-Marie, secondés par des avis d'urbanistes et par le Conseil du patrimoine, avaient demandé au promoteur, Développement Cato Inc, de bonifier ses plans pour protéger les arbres et vues du mont Royal, en diminuant, notamment, la densité et les hauteurs du projet.

Dans sa forme revue, le projet nécessitant un investissement de 300 millions propose la construction d'une vingtaine de bâtiments autour de l'ancien collège, avec des hauteurs variant de six à neuf étages. Une nouvelle piscine et un centre sportif remplaceront l'ancien, qui sera démoli. Le plus haut édifice du futur complexe (9 étages), sera construit à l'extrême est du terrain, près du chemin Saint-Sulpice. Il nécessitera la démolition de l'ancienne maison des employés. Afin de rendre le projet «vert», il est enfin question de planter 300 arbres et arbustes pour remplacer les 68 qui seront abattus.

Quant à la chapelle du collège, on indique qu'une firme a été mandatée, hier, pour réaliser des études patrimoniales. Une étude de circulation «à l'impact quasi inexistant», sera aussi déposé auprès des élus, précise M. Marcotte, d'Arbour et associés. Il ajoute qu'il est question de «deux autos par porte, donc de 700 à 800 véhicules.»

Depuis que le projet a été présenté aux différentes instances, le groupe de défense Les Amis de la montagne a maintes fois manifesté ses inquiétudes face à la densité du projet. Sylvie Guilbault, directrice des Amis, explique qu'elle a eu une rencontre avec le gouvernement la semaine dernière, de même qu'avec la Ville. Et que de nombreuses interrogations seront soulevées durant les audiences de l'OCP (Office de consultation publique), de Montréal.

«Avec l'agrandissement de l'Hôpital général de Montréal, aux abords, le quartier est en pleine mutation. Dans le cas du collège, le projet nécessite un changement de zonage d'institutionnel à résidentiel. Il faut avoir une vue d'ensemble sur les impacts et réaliser que ce site est le seul de la montagne avec un aussi grand espace ouvert.»