La construction d'une nouvelle structure qui remplacera l'échangeur Turcot, à Montréal, sera suivie d'une hausse de la circulation de 20 000 voitures par jour, indique un rapport d'impact environnemental déposé mardi par le ministère des Transports.

Mais le ministère mise sur le fait qu'au moment de l'entrée en service de l'ensemble du complexe autoroutier, en 2016, des voitures moins polluantes diminueront les effets négatifs sur la qualité de l'air.

Selon le document du MTQ, malgré une circulation plus intense, la pollution atmosphérique aux abords de l'échangeur sera moins élevée dans sept ans qu'actuellement.

«L'augmentation très faible de la circulation routière est grandement compensée par cette diminution des émissions, de sorte que l'effet net serait une diminution généralisée des concentrations pour l'ensemble de la zone d'étude», indique le résumé de l'étude d'impact sur l'environnement.

Actuellement, 280 000 déplacements quotidiens sont enregistrés sur la structure vieillissante, dont le remplacement sera réalisé au coût de 1,5 milliard $.

Une fois le nouvel ouvrage achevé, 300 000 voitures circuleront chaque jour sur l'échangeur qui ne sera plus en hauteur comme c'est le cas actuellement, mais encastré dans des remblais, plus près du sol.

Un porte-parole de Transports Québec, Réal Grégoire, a déclaré mardi que la nouvelle structure améliorera la fluidité de la circulation, mais que sa construction n'avait pas pour objectif d'augmenter la circulation.

Selon M. Grégoire, la hausse du nombre de voitures se serait produite même sans l'entrée en service d'un nouvel échangeur.

«Imaginons qu'on ne reconstruit pas le Turcot, qu'on continue avec les structures actuelles: il y a une augmentation normale du trafic parce que la population augmente aussi, a-t-il dit. Donc il y a plus de trafic.»

M. Grégoire n'a pas été en mesure de préciser si l'augmentation de la circulation est plus importante à cause de la nouvelle structure.

Le rapport d'impact du MTQ a été rendu public mardi par le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).

D'autres documents sont aussi disponibles pour consultation jusqu'au 8 mai. D'ici là, les citoyens et groupes concernés pourront réclamer la tenue d'audiences sur le projet, qui doit être réalisé dans le cadre de partenariats publics-privés (PPP).

Selon l'étude du MTQ, la reconstruction d'une structure moins élevée aura néanmoins un impact sur la qualité de l'air, en entraînant «une légère augmentation» des contaminants, «principalement dans le secteur immédiat des infrastructures».

Malgré cette hausse de la concentration de certains produits, notamment de formaldéhyde et de benzène, le MTQ se fait rassurant.

«Les concentrations dans l'air ambiant estimées pour 2016 avec le projet demeurent toutes inférieures aux normes en vigueur», indique le rapport.

Le Conseil régional de l'environnement de Montréal a accusé le gouvernement d'imposer aux Montréalais un projet qui entraînera une augmentation de la circulation automobile et une dégradation de la qualité de l'air et de la qualité de vie de tout un secteur de la ville.

«Le gouvernement clame haut et fort qu'il travaille en concertation avec tous les acteurs impliqués dans ce dossier, rien n'est plus faux, a déclaré dans un communiqué André Porlier, directeur général du CRE-Montréal. Il n'a jamais pris la peine de répondre à nos demandes, de considérer nos préoccupations.»

Par ailleurs, durant les travaux, qui commenceront en 2009 pour s'étaler sur six ans, le MTQ expropriera 25 immeubles résidentiels (174 logements) ainsi que 36 commerces et industries du secteur.

Des frais de déménagement et pour l'achat des propriétés sont inclus dans le budget de 1,5 milliard $, a dit M. Grégoire.

«C'est peut-être un petit peu trop tôt pour vraiment chiffrer tout ça, combien ça va coûter», a-t-il dit.

Parmi les mesures d'atténuation du bruit provenant du chantier, le MTQ étudie la possibilité de mettre en place des alarmes de recul à intensité variable sur les véhicules, des équipements dotés de silencieux ou insonorisés, des écrans antibruit temporaires et d'utiliser des toiles acoustiques.

Durant les travaux, une circulation partielle sera maintenue sur l'échangeur.