Des restaurateurs montréalais renommés se sont joints à la chef du parti Montréal Ville-Marie, Louise O'Sullivan, ce mardi, pour réclamer de la Ville de Montréal un «coup de pouce» vis-à-vis des tarifs des parcomètres en cette période de crise économique. Mais la Ville rejette leur proposition du revers de la main.

Ces restaurateurs réclament que les parcomètres redeviennent gratuits les lundis, mardis et mercredis après 18h et les samedis et dimanches après 13h afin d'encourager les consommateurs à fréquenter les commerces de la métropole. Alain Creton, propriétaire de la brasserie Alexandre & Fils, de la rue Peel, a critiqué l'administration Tremblay-Dauphin, en cette matière. «Nos taxes d'affaires, pour nous et les bureaux professionnels, ont augmenté de 24% en 2007-2008, a-t-il dit. Le maire Gérald Tremblay dit qu'il n'y a pas d'augmentation de taxes. C'est faux.» M. Creton réclame une «tarification honnête» et condamne le système des nouveaux parcomètres qui ne permettent pas de rajouter de l'argent aux sommes déjà mises dans un parcomètre. «Il ne faut pas exagérer, dit-il. Il y a un manque de compréhension. Je perds de 12 à 15 clients par soir à cause des parcomètres, donc environ 500 $ par jour. Il faut donner un coup de pouce dès maintenant. Agissez !»

Le restaurateur dit qu'il y a «un manque de civisme» de la part du personnel qui met les contraventions à Montréal. «Ce n'est pas normal qu'on donne une amende à 20h55», dit-il. «Après 18h, laissez la paix aux gens, ajoute Carlos Ferreira, du restaurant Ferreira, de la rue Peel. Je demande au maire de nous aider à l'aider. Il ne faut jamais mordre la main de celui qui vous donne à manger. Plus il y a de commerces et plus cela va aider la Ville.»

Giovanna Giancaspro, du restaurant La Molisana, du 1014, rue Fleury, insiste sur le fait que la crise frappe durement les restaurateurs. Nombre d'entre eux ferment, dit-elle. «On a besoin d'aide, pas qu'on donne un ticket à un client qui sort de nos commerces», dit-elle.

Mme O' Sullivan, candidate déclarée au poste de maire de Montréal, réclame que les changements de tarifs soient appliqués tout de suite. «Car la crise, c'est maintenant, a-t-elle dit. Les gens souffrent. Les commerçants ont besoin de soutien. On demande au maire de nous écouter.»

Mais la réponse de la Ville a été cinglante. Marvin Rotrand, conseiller municipal de Montréal et spécialiste de la question des parcomètres, a dit à La Presse que l'opinion de ces restaurateurs «est marginale». «C'est un groupe restreint de cinq personnes qui a toujours les mêmes arguments, dit-il. La Ville veut favoriser le transport en commun et décourager l'utilisation de la voiture. Le revenu des stationnements, soit 43 millions par année, est un revenu légitime et limité. À part la taxe foncière, nous n'avons pas beaucoup de possibilités de revenus. Faire ce geste qu'ils réclament serait préjudiciable aux Montréalais.»

Cerilio Andrade est employé du restaurant Le Bâton Rouge, au 1050, rue de la Montagne. Il dit qu'il habite à Laval et que le coût des parcomètres dans le centre-ville («9, 15, 20, 30 $ près du centre Bell») nuit énormément à l'économie de la métropole. «En famille, ça te prend une auto pour venir au centre-ville, dit-il. À Laval, il y a toujours du stationnement et c'est gratuit. Et il y a des restaurants partout...»

Pour Arnaud Calenge, un citoyen qui a réagi à la demande des restaurateurs, la Ville devrait aussi «et surtout» réfléchir à la possibilité de permettre aux automobilistes de payer pour plus de deux heures.

«Les réunions peuvent durer 2h15, 2h30, dit-il. Le temps de descendre et de mettre de l'argent, on peut avoir une contravention. Et puis, donnez un répit de 10 minutes car le client peut être bloqué dans une réunion, un ascenseur, un couloir et arriver pour mettre ses pièces et trouver un beau ticket. Dans certains pays, un avertissement est donné indiquant qu'à 13h10 (10 min de répit) l'amende sera donnée. De toute façon, je préfère de loin prendre le métro et payer 5 $ de transport que de risquer une amende de 42$.»