Le concert pour enfants de l'Orchestre symphonique de Montréal s'est terminé sur une mauvaise note pour Tatyana Satanodski. À sa sortie de la Place des Arts, avec sa fille et quatre copines, elle a découvert que des manifestants avaient fracassé le pare-brise de sa fourgonnette.

Le véhicule était garé au coin des rues Sainte-Catherine et Saint-Urbain, à quelques mètres du quartier général du SPVM. Une cinquantaine de policiers ont formé un cordon devant les manifestants qui tentaient de gagner l'immeuble, en fin d'après-midi.

 

Voyant qu'ils n'arriveraient pas à franchir le cordon, des contestataires ont pris trois conteneurs à déchets dans un chantier de construction et les ont projetés vers les policiers. L'un des conteneurs a percuté le pare-brise de la fourgonnette de Mme Satanodski.

Tout en consolant tant bien que mal sa fille, Rvital, 7 ans, qui pleurait, la mère de famille enlevait les éclats de verre de l'intérieur du véhicule à l'aide de son balai à neige lorsque La Presse l'a rencontrée.

«Je ne comprends pas comment des manifestants contre la brutalité policière peuvent en venir à endommager la voiture des autres», a-t-elle affirmé, furieuse.

Le groupe d'amies estime qu'il faudrait poursuivre le Collectif opposé à la brutalité policière, le groupe qui a organisé la manifestation.

Quelques mètres plus loin, Jean-François Fortin découvrait la vitre fracassée de sa Toyota dorée. Venu magasiner avec trois amis, il n'avait pas prévu que des manifestants allaient se masser devant l'esplanade de la Place des Arts pour lancer des briques et des objets de métal aux policiers.

«C'est con, a-t-il laissé tombé, l'air abattu. Je suis certain qu'ils ont de bons motifs, mais il y a tout le temps des innocents qui manquent d'attention.»

Ces automobilistes ne sont pas seuls à avoir été importunés par la manifestation, qui s'est propagée un peu partout dans les rues du centre-ville. Employé de Futon S.V.P., rue Saint-Denis, Steve Blanchette n'a pas hésité une seconde en voyant des centaines de personnes approcher de son magasin. Il a immédiatement verrouillé les portes du commerce et protégé l'entrée avec un grillage.

«On s'y attendait un peu, a-t-il confié. C'est comme ça chaque année.»

Mais d'autres passants étaient plutôt amusés par les manifestants. Martine Anderson, venue visiter un appartement au centre-ville, a confié être plutôt sympathique à leur cause. Elle se trouvait dans la foule lorsque l'escouade antiémeute a chargé, provoquant un véritable mouvement de panique. «Pour tout dire, a indiqué l'étudiante, j'ai beaucoup plus peur des policiers que des manifestants.»