La proposition du conseiller Cosmo Maciocia «présente assurément certaines opportunités» pour améliorer la gouvernance de Montréal. Mais avec la crise économique actuelle, c'est «plus sage» d'éviter ce débat et de se concentrer sur d'autres enjeux, estime la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau.

En entrevue à La Presse en début de soirée hier, la vice-première ministre est demeurée prudente au sujet de la proposition visant à réduire de moitié le nombre d'arrondissements et d'élus.

 

Elle était beaucoup plus ouverte à cette option en matinée, lors d'une conférence de presse portant sur une annonce gouvernementale. «Sincèrement, j'ai réagi plutôt positivement en lisant l'article ce matin», avait-elle dit au sujet de la manchette de La Presse, soulignant que «plusieurs intervenants s'interrogent sur la gouvernance de Montréal».

Nathalie Normandeau s'est entretenue plus tard avec le maire Gérald Tremblay, qui a accueilli avec beaucoup de réserve la proposition de M. Maciocia et a affirmé avoir d'autres priorités. «Je crois sincèrement que monsieur le maire a choisi la bonne voie, a-t-elle dit à La Presse. Il a envoyé une indication qui témoigne du fait qu'on doit se concentrer sur des enjeux qui sont encore plus importants. Alors évidemment, pour nous, le débat s'arrête là dans les circonstances.»

Mme Normandeau se défend d'avoir fait volte-face. «Ce que j'ai dit (hier) matin, c'est que je suis toujours favorable aux demandes en provenance des villes. Dans ce cas-ci, il n'y a pas de demande. On parle de la proposition d'un conseiller. Alors il n'est pas question que je m'embarque comme ministre des Affaires municipales dans un débat comme celui-là, compte tenu qu'il n'y a pas de volonté de la ville, du conseil municipal, de se lancer dans une aventure comme celle-là.»

La proposition de M. Maciocia «présente assurément certaines opportunités mais, dans le contexte économique actuel, je pense qu'il faut se concentrer sur l'essentiel, s'assurer que les services se donnent correctement aux citoyens, qu'on continue de créer des emplois, qu'on développe des stratégies pour faire face au ralentissement économique. Tous les efforts des administrations publiques sont concentrés là-dessus à court terme», a ajouté la ministre. La voie privilégiée par le maire Tremblay est à ses yeux «tout à fait sage» et «pertinente». «Pour moi, le débat est clos», a-t-elle dit.

Le député du Parti québécois, Martin Lemay, estime que Cosmo Maciocia a émis des «hypothèses fort intéressantes» qui demandent toutefois à être vérifiées. «Est-ce que cela donnerait une meilleure coordination, cela reste à voir», a-t-il dit, prudent.

L'opposition officielle «accueillerait et étudierait avec beaucoup d'intérêt un projet de loi» s'inspirant de la proposition de M. Maciocia et visant à «simplifier» les structures de Montréal. Mais M. Lemay a refusé de dire si son parti allait faire pression pour le dépôt d'un tel projet de loi. Il a accusé le gouvernement de «manquer de vision» pour la métropole.