La société Aéroports de Montréal (ADM) a dépensé 25 millions pour construire la gare de la future navette reliant le centre-ville et l'aéroport Montréal-Trudeau. Or, Québec et Ottawa n'ont offert à ce jour aucune garantie de financement au projet.

Lors d'une visite du nouvel immeuble de l'aéroport Montréal-Trudeau, lundi, La Presse a constaté que la structure de la gare était pratiquement terminée. D'imposants piliers de béton sont érigés au sous-sol du nouvel immeuble aéroportuaire, qui ouvrira en mai.

 

Pourtant, les ministères des Transports du Québec et du Canada ne se sont jamais engagés à financer l'implantation de la navette ferroviaire, qui pourrait coûter près de 700 millions, selon certaines estimations.

«Comme tel, il n'y a jamais eu de décision de faire la navette, a dit Sylvain Leclerc, attaché de presse de la ministre des Transports du Québec, Julie Boulet. Oui, on veut en savoir davantage, mais on ne peut présumer d'une réponse sans avoir vu les études.»

Le comité directeur du projet de lien ferroviaire attend les résultats d'une étude de faisabilité d'ici à juin. Ce comité réunit ADM, l'Agence métropolitaine de transport, Transports Canada, Transports Québec, la Communauté urbaine de Montréal et la Ville de Montréal.

Un investissement sans risque?

Le nouvel immeuble aéroportuaire, où sera logé le hall des départs vers les États-Unis, a coûté 300 millions à Aéroports de Montréal, un OSBL privé. De cette somme, 25 millions ont servi à construire la gare, a appris La Presse.

Henri-Paul Martel, vice-président ingénierie et construction d'ADM, assure que cet investissement n'est «pas du tout» risqué. «Pour nous, la navette est essentielle au développement de l'aéroport», a-t-il dit. ADM a bon espoir qu'Ottawa défrayera une partie des coûts. «Transports Canada s'est engagé à financer la construction des navettes des aéroports de Vancouver et de Toronto», a rappelé Christiane Beaulieu, vice-présidente aux affaires publiques.

M. Martel a ajouté que «l'espace réservé pour la gare n'est pas perdu». D'ici l'achèvement du lien ferroviaire, 125 voitures pourront s'y stationner. «Et à la limite, si jamais le projet de la navette ne voit pas le jour, nos plans permettent d'ajouter un autre étage au stationnement», a-t-il précisé.

L'administration du maire Gérald Tremblay ne cache pas son impatience de voir se réaliser le projet. «Ça fait des années, voire des décennies, qu'on fait des études sur la navette, a souligné le responsable du transport collectif au comité exécutif, André Lavallée. Il faut arrêter de multiplier les projets et de n'en réaliser aucun.»

M. Lavallée espère que Québec et Ottawa s'engageront à investir dans le projet d'ici la fin de l'année.