Ils sont de retour. Ils défigurent les rues de la ville au point que certaines ont l'air d'avoir été bombardées. Ils expliquent plusieurs visites chez le garagiste et prouesses automobiles pour les esquiver. Avec le redoux des derniers jours, les nids-de-poule reviennent nous hanter.

Pas besoin de s'appeler Columbo pour débusquer les nids-de-poule à Montréal. Une simple balade dans les rues de la métropole suffit pour voir -et ressentir- ces cratères qui transforment l'asphalte en gruyère à la fin de l'hiver.

Le contraste entre le froid hivernal et la température printanière prévue jusqu'à samedi offre les conditions idéales à la prolifération de nids-de-poule, puisque le gel et le dégel malmènent durement le bitume.

À l'intersection des boulevards De Maisonneuve et Décarie, à Notre-Dame-de-Grâce, une crevasse monstre s'étendait sur toute la chaussée.

Impossible de lui échapper. Les voitures qui tentaient de le faire devaient empiéter sur le trottoir pour y arriver.

Au volant de son taxi, Pijan Abolfathr a immobilisé son véhicule à la vue du photographe posté au coin de la rue. Il raconte avoir été plusieurs fois victime du redoutable nid-de-poule du boulevard Décarie. «Je dois passer ici plusieurs fois par jour. En deux mois, j'ai dû faire réparer trois fois ma voiture», a déploré le conducteur de taxi, en sortant de sa poche une facture de garagiste de 1000$ datée de mercredi.

Il a dû faire remplacer les roulements à billes et les joints en rotule sur sa voiture. «Le même nid-de-poule était là cet été. Qui va payer pour ça? On paie tellement de taxes et on travaille fort, on pourrait au moins avoir de belles routes», a dénoncé M. Abolfathr, qui conduit un taxi depuis 22 ans.

Derrière lui, le flot des voitures circulait sans relâche sur le nid-de-poule. Les habitués s'immobilisaient presque avant d'escalader le cratère. Les autres avaient l'air de faire une descente en rafting dans des eaux tumultueuses.

Les automobilistes grimaçaient au contact entre la voiture et le trou. Et le vacarme qui en découlait avait de quoi faire grincer les dents.

À l'intersection des rues Jarry et Boyer, la chaussée avait l'air d'un champ de mines, avant l'arrivée d'une équipe de cols bleus pour colmater les crevasses en fin de matinée.

La rue Rachel, près de l'avenue du Parc-La Fontaine, forçait aussi les automobilistes à zigzaguer pour éviter les trous. Même chose pour une bonne partie de la rue Masson et de l'avenue Bourbonnière dans l'arrondissement de Rosemont.

Dans le Vieux-Montréal, un trou d'une profondeur d'environ neuf pouces en plein milieu de la chaussée, à l'intersection des rues de la Commune et de Callière, donnait du fil à retordre aux automobilistes. Ceux qui n'avaient pas le temps d'éviter ce nid-de-poule affichaient des airs un peu catastrophés lorsque les roues de leur véhicule s'enfonçaient dans le cratère.

Du côté de la Ville, la chasse aux nids-de-poule s'est ouverte mercredi. Jusqu'au 10 mars, quatre machines spécialisées feront le tour du réseau artériel municipal, environ 1000 km, pour colmater les nids-de-poule. «Le déneigement vient de se terminer. Il est toujours préférable d'attendre que la chaussée soit sèche», explique André Lazure, chargé des communications et porte-parole des infrastructures.

Si la Ville s'attaque aux nids-de-poule des grandes artères, chaque arrondissement est responsable de faire la guerre aux trous sur son territoire.