L'administration Tremblay a décidé de suspendre sans salaire pour un temps indéterminé un col bleu pincé en état d'ébriété par les policiers, lundi soir. L'homme d'une cinquantaine d'années, employé journalier du Plateau, était au volant d'une camionnette qui suivait un convoi de déneigement au moment de son arrestation, vers 22h10.

Selon différentes sources, dont les informations ont été confirmées en partie par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), les policiers sont intervenus à la suite d'un appel fait par un contremaître. Le cadre dénonçait la conduite imprécise du col bleu, aux abords de l'intersection des rues Sherbrooke et Des Érables.

 

Amené au Centre opérationnel du Service de police, le col bleu a accepté de passer un alcootest qui a révélé une quantité qui dépassait 80 mg d'alcool par 100 ml de sang. Il a été libéré avec promesse de comparaître. Sa première audition, sous deux chefs d'accusation reliés aux facultés affaiblies, a été fixée au 21 avril. Son permis de conduire est par ailleurs suspendu pour 30 jours, comme prévu lors d'une première infraction.

À la Ville de Montréal, le chargé de communication, Gonzalo Nunez, a expliqué que la direction du capital humain, dirigée par Jean-Yves Hinse, attendait les «conclusions de l'enquête interne de l'arrondissement du Plateau» avant de se prononcer sur le sort du col bleu qui compte 27 ans de service. C'est la deuxième fois qu'un col bleu de Montréal est arrêté avec les facultés affaiblies cet hiver. L'autre avait été surpris en conduisant avec une bière entre les cuisses, en décembre dernier.

Au bureau de direction du syndicat des cols bleus de Montréal, on a passé une partie de l'après-midi, hier, à analyser les antécédents de l'employé appréhendé dans le Plateau. L'homme sera invité au cours des prochains jours à donner sa version des faits. Marc Ranger, négociateur en chef, a expliqué qu'il est toutefois déjà clair que le col bleu en question avait été appelé pour travailler en heures supplémentaires, vers 18h15.

»So, so, so... solidarité!»

«C'est un journalier normalement affecté à suivre à pied des camions de déchets, explique M. Ranger. Cette semaine, il devait être à l'horaire durant le week-end. Mais pour une raison qu'on s'explique mal, vers 19h30, quand il a commencé son quart, on lui a demandé de conduire un pick-up derrière un camion de déneigement.»

Sans excuser le geste du col bleu, le négociateur en chef fait remarquer qu'il y a des milliers de cols bleus à l'emploi de la Ville de Montréal, et qu'il n'y avait pas eu de cas semblables, mis à part les deux de cet hiver, depuis décembre 2003. Cette année-là, un col bleu du centre-ville, arrondissement de Ville-Marie, avait percuté de plein fouet une camionnette où se trouvaient deux passagers. Au moment de son arrestation, ce col bleu de 46 ans, menottes aux poignets, avait scandé «So, so, so...solidarité!»

Cinq ans plus tard, les cols bleus sont toujours en négociations pour renouveler leur convention collective et le syndicat chemine avec sa proposition globale, déposée à la table patronale il y a deux semaines.

«C'est dommage que nous devions encore une fois laver notre linge sale en public, ajoute Marc Ranger, du local 301, syndicat des cols bleus regroupés de Montréal. On fait des efforts surhumains pour donner un travail exemplaire dans un contexte qui n'est pas facile.»

Pour joindre notre journaliste: sara.champagne@lapresse.ca