Le projet de règlement municipal sur les poêles à bois fera l'objet de consultations publiques le mois prochain. D'ici là, l'industrie du chauffage a mis les gens en garde hier contre les effets pervers relatifs à la réglementation.

Les citoyens et les organismes seront invités à donner leur point de vue sur le projet de règlement concernant le chauffage à bois les 24 et 25 mars prochain.

 

Conformément à la loi, une assemblée publique se tiendra le 19 mars pour expliquer les détails du projet aux citoyens.

La Ville a tenu à rappeler que le règlement, qui vise à interdire l'installation de poêles et foyers dans les maisons neuves et pendant des travaux de rénovation, n'avait pas encore été adopté.

Le projet a été déposé en avis de motion au conseil municipal, hier soir.

«On va écouter tout le monde, et on va prendre le temps de voir toutes les présentations», a déclaré Alan DeSousa, membre du comité exécutif de la Ville de Montréal responsable du développement durable.

L'industrie proteste

La Ville de Montréal a choisi de dévoiler les dates des audiences publiques pour répondre à l'industrie du chauffage, qui a convoqué les médias hier matin pour s'opposer publiquement au projet de règlement.

«Le projet ne réglerait en rien le problème de smog, a déclaré Pierre Catellier, vice-président de l'Association des professionnels du chauffage. Au contraire, les Montréalais conserveraient plus longtemps des poêles polluants plutôt que de recourir à des appareils propres et efficaces.»

Son regroupement estime que la Ville devrait plutôt obliger les citoyens à se procurer des appareils respectant la norme de l'Agence de protection environnementale des États-Unis. Les foyers conformes à cette certification rejettent 10 fois moins de particules fines que les vieux poêles, a fait valoir M. Catellier.

Pour prouver ses dires, l'Association des professionnels du chauffage a fait fonctionner une dizaine de poêles à bois «non polluants» devant l'hôtel de ville, dans le Vieux-Montréal.

Les environnementalistes réagissent

Les groupes environnementalistes n'ont pas tardé à réagir à cette sortie publique.

Une douzaine d'organismes ont remis une déclaration en faveur de l'interdiction du chauffage au bois au comité exécutif de la Ville, hier soir.

«L'industrie va protester, et je les comprends. Pour eux, c'est une question d'argent. Mais pour nous, c'est une question de santé», a lancé Louis P. Brisson, président-directeur général de l'Association pulmonaire du Québec.

Le Conseil régional de l'environnement de Montréal (CRE-Montréal) estime que la Ville doit également resserrer son contrôle sur les foyers déjà existants.

Alan DeSousa, du comité exécutif, a précisé que des démarches sont en cours avec le gouvernement du Québec en vue d'instaurer un programme de remplacement des poêles à bois existants.

«Il est important de rappeler que le chauffage à bois résidentiel est responsable de 47% des émissions de particules fines qui contribuent à la formation de smog hivernal», a dit Alan DeSousa, rappelant que 1540 Montréalais par année mourraient prématurément en raison de la pollution atmosphérique.