Les coûts des travaux du Quartier des spectacles dans le secteur de la Place des Arts grimpent en flèche. Le projet initialement annoncé à 120 millions de dollars frôle désormais les 150 millions en raison de frais indirects, d'un échéancier serré et d'achats de terrain.

La Ville doit emprunter 25,5 millions supplémentaires pour le financer, mais pas question de payer seul, a déclaré le maire Gérald Tremblay à La Presse.

«On trouvera sûrement une façon de demander aux gouvernements, fédéral et provincial, de compenser les investissements additionnels qu'on a dû faire à court terme, dit-il. [...] Ce que les gouvernements n'ont pas nécessairement mis à la hauteur de nos attentes, on va les convaincre de nous redonner cet argent pour un autre projet. D'ailleurs, le Quartier des spectacles est un ensemble considérable de projets.»

Le maire Tremblay dit s'attendre à des investissements dans d'autres projets importants à Montréal, comme le Vieux-Port et le musée Pointe-à-Callière. «Même si à court terme, souligne le maire, ça nous coûte un petit peu plus cher en termes d'investissements, on va sûrement trouver une façon de compenser dans ces autres projets qui s'en viennent à Montréal.»

Le comité exécutif de la ville a entériné mercredi dernier l'emprunt de 25,5 millions pour le Quartier des spectacles. En tout, c'est 27 millions supplémentaires que Montréal consacrera à la réalisation des travaux dans le secteur de la Place des Arts.

Pour la Ville, la facture s'élève donc à 67 millions désormais, portant les investissements totaux, incluant l'apport de Québec, 40 millions, et d'Ottawa, 40 millions, à 147 millions.

«Mais c'était prévu que ça coûte autour de 150 millions de dollars dans le plan triennal d'immobilisation, insiste M. Tremblay. Il y avait des coûts admissibles et d'autres qui ne le sont pas. Ça n'a jamais été caché, c'était public.»

27 millions de plus

Parmi les coûts non admissibles aux subventions, on trouve 7,3 millions de coûts indirects: études d'ingénierie, planification écologique et supervision architecturale. À ce chapitre, le gouvernement fédéral a autorisé la Ville à dépenser 15% de sa subvention de 40 millions, mais les coûts indirects s'élèvent dans les faits à 22% et Montréal doit payer la différence.

La Ville doit aussi défrayer 7,3 millions de plus pour les coûts de construction déboursés avant la date d'admissibilité au programme d'infrastructures fédéral de Chantiers Canada.

«On ne pouvait pas attendre avec ce projet important pour Montréal, note M. Tremblay. On a décidé d'accélérer les travaux. On est dans l'action, nous.»

Les deux autres gouvernements savaient dès le départ, ajoute-t-il, que l'échéancier était très serré. La place des festivals, première phase des travaux sur Jeanne-Mance, doit être livrée l'été prochain pour le 30e anniversaire du Festival de jazz.

Enfin, l'expropriation et l'achat de terrains pour les phases ultérieures du projet autour de la Place des Arts, notamment le métro Saint-Laurent (voir autre texte), ont grimpé de 7,3 à 12,4 millions.

Ces trois postes de dépenses font monter la facture à 147 millions. Encore au début de décembre dernier, les fonctionnaires municipaux estimaient pourtant le coût total du projet à 130 millions.

Ottawa et Québec n'ont pas encore signé

En outre, Québec et Ottawa, n'ont pas encore signé l'entente qui permettra de débloquer les fonds de Chantiers Canada, 40 millions de chaque gouvernement, pour le Quartier des spectacles. Là aussi, Gérald Tremblay se dit confiant.

«On a eu une rencontre ce matin (hier) avec le comité de pilotage de suivi du Rendez-vous 2007: Montréal, métropole culturelle, et on a l'assurance qu'ils vont signer cette entente.»

L'entente globale entre les trois partenaires sur le Quartier des spectacles est signée, mais La Presse dévoilait, en octobre dernier, qu'un accord spécifique reste à être entériné entre Québec et Ottawa, ce qui n'a toujours pas été fait, même si la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a rencontré le ministre fédéral John Baird récemment.

«Ils ont convenu d'accélérer les discussions, indique l'attachée de presse de la ministre, Catherine Poulin. C'est assez complexe comme entente de contributions, mais on a de beaux projets auxquels on tient.»