Les propriétaires de taxis montréalais craignent de perdre leurs permis d'aéroport au profit d'une compagnie unique en septembre. Les 17 corporations qui desservent la métropole ont lancé ce cri d'alarme hier matin après avoir appris qu'Aéroports de Montréal avait annulé le tirage au sort des 270 licences, prévu dimanche.

Depuis une quinzaine d'années, les permis autorisant les taxis à travailler depuis le stand de l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau sont distribués dans une loterie annuelle. Or, Aéroports de Montréal veut revoir cette façon de procéder.

 

Pour l'instant, la société refuse de préciser comment elle entend gérer son service de taxi, mais un appel d'offres devrait être lancé d'ici trois semaines.

«Il y a anguille sous roche», a affirmé Me Normand Painchaud, qui représente le regroupement des 17 corporations de taxi englobant 85% des voitures de Montréal. «Pourquoi modifier une formule qui fonctionne très bien et qui permet d'offrir de la qualité à la population depuis une quinzaine d'années? a-t-il demandé. Cette décision est inéquitable pour la qualité de vie des chauffeurs, ainsi que pour la valeur du patrimoine des taxis à Montréal.»

Selon Dory Saliba, porte-parole du regroupement, la valeur d'un permis évalué à 200 000$ peut augmenter de 5000$ à 10 000$ lorsque le chauffeur travaille à partir de l'aéroport. En plus d'un horaire de travail plus stable, les conducteurs bénéficient d'une bonification salariale oscillant entre 10% et 30%.

Contrat octroyé à une entreprise privée

«La raison qu'on nous a donnée est qu'on allait attribuer les nouveaux permis d'aéroport en septembre en même temps que ceux des limousines, a-t-il affirmé. Les permis qui ont été octroyés l'an dernier sont donc prolongés pour huit mois. Cette décision est inéquitable pour l'ensemble de l'industrie. On ne comprend pas. La rumeur, c'est qu'ils veulent donner ça à une compagnie privée.»

Du côté d'Aéroports de Montréal, la vice-présidente aux affaires publiques, Christiane Beaulieu, a affirmé que la nouvelle façon d'octroyer les permis serait «équitable», «transparente» et «professionnelle».

Elle n'a pas voulu commenter les craintes formulées par les entreprises de taxis de Montréal, mais a souligné que plusieurs intervenants du milieu du taxi avaient été consultés.

«Je ne peux pas répondre à ces hypothèses... Lorsque l'appel d'offres sera rendu public, tout le monde pourra s'exprimer.»

Pour protester contre l'annulation du tirage au sort prévu le 22 février, le regroupement des 17 corporations de taxis a fait parvenir une lettre à Aéroports de Montréal ainsi qu'au Bureau du taxi et du remorquage, à la Ville de Montréal, à la Commission des transports du Québec, à Transports Québec et à Transports Canada.

«Nous pourrions entreprendre d'autres actions, mais il n'est pas question de prendre la population en otage», a prévenu Me Painchaud.