Trois conseillers municipaux de Saint-Constant ont écrit en janvier à la ministre des Affaires municipales, Nathalie Normandeau, pour qu'elle «intervienne» contre le maire Gilles Pépin et «mette la municipalité sous tutelle». Le maire estime qu'il s'agit de diffamation et promet de répondre par la bouche de ses avocats.

Les trois élus, Jean-François Ouellet, Denise Poirier-Rivard et Mignonne Pouliot, affirment que le maire destitué en 2007 et réélu en 2008 tente de vendre des terrains de la Ville sans appel d'offres à des organisateurs de sa dernière campagne.

 

Hier, ils ont soutenu qu'il a essayé de les vendre à «environ la moitié» de leur valeur, selon les évaluateurs de la ville. «Ces évaluateurs avaient déjà suggéré à la greffière de la ville de débuter les appels d'offres à 1,25 million, mais le maire a tenté deux fois de faire approuver des résolutions par le conseil pour les vendre au montant de 735 000$ à un ami du parti ayant participé activement à la dernière campagne électorale de M. Pépin, estime Mme Poirier-Rivard, par voie de communiqué. Je ne peux accepter que le maire appauvrisse la municipalité au profit de ses collaborateurs.»

Informé de cette déclaration, le maire a dit à La Presse: «C'est de la diffamation. C'est complètement faux. Le Ministère a déjà répondu sur ce dossier et il n'y a rien là.» Le maire a fourni à La Presse une lettre du Ministère qui, datée du 4 août dernier, évoque ce dossier en rejetant la plainte d'un citoyen et en concluant que Québec n'est pas «habilité à intervenir» sur ce point.

Contamination

Les trois élus ont aussi cité le cas d'un «citoyen corporatif» qui reproche au maire «de lui avoir suggéré de faire dévaluer le terrain sur lequel siège son entreprise, pour cause de contamination, pour alléger son fardeau fiscal».

«Le maire, évaluateur agréé de profession, aurait même dit, devant témoins, dont la députée provinciale de l'époque, qu'il lui enverrait son fils, également évaluateur, que celui-ci avait été bien «drillé» pour ce genre d'opération. Or, aucune étude connue ne fait état d'une quelconque contamination sur ce site», indique le communiqué.

«C'est complètement faux, dit le maire. Ce citoyen est souvent en contravention avec les règlements municipaux.»

Le citoyen, «offusqué qu'un maire lui fasse une telle offre», a porté ce dossier à l'attention du conseil municipal en octobre, dit Mme Pouliot. «Si ces allégations sont justifiées, cela soulève de sérieux doutes sur l'intégrité de M. le maire,» dit-elle.

Ce cas a été abordé au conseil le 12 janvier. Le conseiller Ouellet a essayé de lire une lettre l'évoquant, mais le maire l'a fait expulser. Les trois conseillers estiment que le maire bâillonne l'opposition.

Le maire ne voit pas la chose du même oeil. «M. Ouellet doit corriger sa conduite, car elle est indigne du poste qu'il occupe, dit-il. On a dû l'expulser quatre fois pour avoir troublé la paix. Ces gens-là sont de mauvaise foi. Au lieu de travailler avec nous sur des projets de revitalisation de la ville, ils sont malicieux et tendancieux. La population les jugera en temps et lieu.»

L'attachée de presse de la ministre Normandeau, Louise Quintin, dit que le Ministère en est au stade du traitement de la plainte. «Il est prématuré de parler de mise en tutelle», a dit Mme Quintin.