Le déneigement des trottoirs ne pose plus de problème devant la maison d'Antoni Wysocki, boulevard Grand, dans le quartier Côte-des-Neiges. Ils sont toujours impeccables. À 73 ans, ce retraité a décidé de prendre les opérations en main.

Antoni Wysocki est à pied d'oeuvre tous les matins à 6h15. Une pelle à la main, son chapeau de fourrure bien vissé sur la tête, il chasse le moindre flocon de neige dès qu'il se pose au sol. Il dégage minutieusement un couloir long de 100 m et large de 40 cm - la largeur minimale exacte qu'il a jugée nécessaire pour permettre aux piétons de bien circuler. Ce passage s'étend de chez lui jusqu'à l'arrêt d'autobus au coin de la rue et à travers le petit parc situé en face.«Il faut agir au plus vite pour dégager les trottoirs parce que si on laisse la neige s'accumuler, comme c'est ce qui se passe partout ailleurs, c'est trop dur ensuite», dit-il.

Antoni Wysocki rêve que l'organisation des opérations de déneigement de la Ville de Montréal soit repensée pour favoriser les actions citoyennes comme la sienne. Il croit que la municipalité pourrait offrir une petite rémunération aux citoyens qui accepteraient de prendre en charge le déneigement d'un couloir sur une portion de trottoir déterminée.

Il mesure minutieusement depuis le début de l'année le temps qu'il consacre chaque jour à entretenir le trajet qu'il a délimité et les méthodes de travail les plus efficaces. Il compte remettre à Luis Miranda, le responsable du dossier à la Ville, un rapport détaillé à la fin de l'hiver avec une évaluation des coûts associés à son projet.

L'idée, assure-t-il, n'est pas de remplacer les services offerts par la Ville, mais de les compléter. «Disons qu'il y a place à l'amélioration et que les citoyens peuvent faire des choses concrètes pour remédier aux problèmes.»