Le service de premiers répondants, mis sur pied par les pompiers montréalais en 2007, connaît une croissance explosive. En un an, le nombre d'interventions est passé de 7250 à plus de 34 000.

Selon le bilan préliminaire de 2008 dressé hier matin par le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), 23% de ces appels d'urgence concernaient des personnes souffrant de problèmes respiratoires et 18% concernaient des douleurs thoraciques.

Le service de premiers répondants, créé en partenariat avec Urgences-santé, vise à acheminer des pompiers rapidement vers les personnes en détresse. Leur rôle est de stabiliser les victimes, dans l'attente des ambulanciers.

Jusqu'à maintenant, quelque 1000 pompiers (sur un total de 2300) ont reçu la formation de 62 heures nécessaire pour agir comme premier répondant; ils étaient la moitié moins en 2007. Quarante-cinq des 66 casernes présentes sur le territoire montréalais offrent le service, alors qu'on en comptait 27 l'année dernière.

«Selon un bilan fait par Urgences-santé, l'implantation du service de premiers répondants a contribué à réduire le temps de réponse de 2,2 minutes pour les appels de première priorité sur le territoire montréalais», a souligné le responsable de la sécurité publique au cabinet du maire, Claude Dauphin.

Le Service de sécurité incendie s'attend à ce que le nombre d'appels pour premiers répondants passe à près de 50 000 en 2009. «C'est l'objectif que nous avions fixé dès le départ», a indiqué le directeur du SIM, Serge Tremblay.

L'annonce de ce bilan provisoire s'est déroulée en présence d'un petit groupe de pompiers vêtus de chandails rouges venus faire pression sur la Ville de Montréal pour l'embauche de nouveaux pompiers. «Avec 50 000 appels de premiers répondants, on va commencer à créer des problèmes de gestion des opérations», a soutenu le président de l'Association des pompiers de Montréal, Michel Crevier.

Pour chacun des appels de premiers répondants, les pompiers doivent dépêcher une équipe à bord d'une autopompe, plutôt qu'à bord d'un véhicule léger. Ainsi, une fois sur les lieux, ils peuvent quitter rapidement pour un autre appel sans devoir retourner à la caserne. «Le problème, c'est qu'un jour, on va avoir un appel et les autopompes ne pourront pas arriver à temps parce qu'elles seront occupées sur des appels à gauche et à droite. Sans ces autopompes, les autres pompiers n'ont pas le droit d'intervenir», a précisé M. Crevier.

L'Association des pompiers, en négociation en vue du renouvellement de sa convention collective échue depuis plus d'un an, estime à 500 le nombre de pompiers supplémentaires nécessaires pour assurer un service optimal.

La direction du Service de sécurité incendie ne voit cependant pas les choses de la même manière: «Malgré l'augmentation du nombre d'appels, en aucun cas un appel de premiers répondants a empêché qu'on sauve une vie», a assuré le directeur du SIM.

La Ville entend néanmoins embaucher en cours d'année quelque 137 pompiers supplémentaires et 57 «ressources spécialisées» en prévention.

81 429 appels et 17 morts

Selon les statistiques dévoilées, le SIM est également intervenu 1574 fois en 2008 pour des feux de bâtiment et près de 10 000 fois pour d'autres feux non liés à des immeubles. La valeur des dégâts sera connue au mois d'avril, lors du dévoilement du bilan final.

Ces incendies ont coûté la vie à 17 personnes - 12 hommes et cinq femmes - un bilan qui se situe dans la moyenne annuelle des dernières années. «Dans plus de 80% des cas, ces décès auraient pu être évités si des avertisseurs de fumée avaient été installés», a affirmé M. Tremblay.

Au total, en comptant les interventions de premiers répondants, les pompiers ont répondu à 81 429 appels pendant l'année.