Quand le maire Gérald Tremblay a rejeté, le 15 décembre, la proposition de l'opposition officielle d'accorder une aide d'urgence de 500 000 $ aux banques alimentaires, certains se sont posé des questions sur son humanisme. Aussi n'était-il pas peu fier, hier, d'annoncer que Québec donnera 24 millions à la métropole pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion sociale.

La somme représente 15 millions de plus que ce que Montréal obtenait auparavant du gouvernement provincial pour trois ans. Une augmentation de 60 %. Du coup, après la conférence de presse donnée dans les locaux de l'organisme communautaire Multicaf du quartier Côte-des-Neiges avec le ministre du Développement économique, Raymond Bachand, et celui de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, le maire Tremblay a glissé à La Presse que «parfois en politique, il faut savoir attendre».

 

Gérald Tremblay nous a expliqué qu'il avait suggéré «il y a six mois» à Québec de bonifier l'entente sur la pauvreté (5 millions par an) qui datait de 2003. Mais les élections provinciales sont arrivées. Il voulait une nouvelle entente rapidement. La pression qu'a mise le conseil municipal en adoptant une résolution le 15 décembre et l'engagement de l'opposition officielle et de son chef Benoit Labonté sur ce même dossier ont fini par convaincre Québec.

La nouvelle entente prévoit 7 millions en 2009, 8 en 2010 et 9 en 2011. Une entente de trois ans, ce n'est pas rien, selon Tommy Kulczyk, vice-président adjoint de Jeunesse au Soleil, qui dit que pour de nombreux organismes, ça signifie de ne pas répéter chaque année les démarches administratives nécessaires pour obtenir de l'argent. «Mais en plus, l'entente est bonifiée et comprend un fonds d'urgence que la Ville utilisera pour des besoins spécifiques», dit-il.

Jean-Pierre Beauchamp, de Montréal-Nord en santé, était heureux d'être présent à cette annonce. «Je salue la ténacité du maire Tremblay car il a fait preuve d'une grande ouverture et d'une grande volonté pour obtenir quelque chose de plus pour les gens dans nos quartiers.»

Diabétique et de condition modeste, Azeddine Touijar vient depuis des années à la cafétéria Multicaf. Il a assisté à la conférence de presse avec d'autres personnes qui prenaient un café en lisant le journal. «Ça bouge, dit-il. Je suis très content. Mais il faut plus car ici, les locaux sont trop petits. Il y a des centaines de personnes qui viennent manger à midi.»

Accueil «favorable» de l'opposition

Le maire Tremblay a précisé que la Ville va s'asseoir dans les jours qui viennent avec des organismes pour voir où iront les priorités. Ces organismes peuvent tout de même s'attendre à obtenir une aide accrue. Par communiqué, Benoit Labonté a accueilli «favorablement» l'annonce, ajoutant que l'administration «doit tenir compte des besoins immédiats de tous les organismes et agir dans les plus brefs délais».

Le ministre Bachand a dit hier que le Québec se défend très bien sur la scène canadienne au titre de la lutte contre la pauvreté. «Montréal a connu des résultats encourageants entre 2003 et 2008, comme la réduction de 13,7% du nombre d'enfants issus de familles prestataires de l'aide financière de dernier recours», a-t-il dit, ajoutant que «des défis restent toujours à relever».

Le maire Tremblay a dit qu'il accueillera aujourd'hui, de midi à 17 h, la population à l'hôtel de ville, notamment «les plus démunis». Il y aura un goûter et des cadeaux pour les enfants. «On n'a pas de déficit de solidarité à Montréal», a dit le maire durant la conférence de presse.